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Une situation préoccupante

Dernièrement, mon passé d’économiste a refait surface. En effet, depuis plusieurs années, nous avons soutenu activement la décision des partenaires de la forêt privée de mobiliser plus de bois pour approvisionner l’industrie de la transformation.  Aucun effort n’a été ménagé pour atteindre l’objectif.  Achats d’équipements, formations et campagnes de promotion sont autant d’activités qui ont été mises de l’avant pour « faire sortir le bois. »  Avec raison, nous sommes très fiers des résultats obtenus et nous regardons les moyens pour atteindre le nouvel objectif que la Stratégie nationale de production de bois nous a fixé.

Par contre, certains constats m’interpellent au plus haut point.  Ce sont des situations qui doivent être étudiées pour que l’on puisse continuer à aller de l’avant dans la mobilisation des bois. En effet, pour que les vendeurs rencontrent les acheteurs, plusieurs conditions doivent être rencontrées. Le dynamisme du marché du bois rond constitue la pierre d’assise du marché du bois d’œuvre. Le marché du bois rond s’est quelque peu complexifié depuis l’entrée en vigueur du nouveau régime forestier. Depuis 1986, l’industrie s’approvisionnait en forêt publique, à partir de ses contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF), de même qu’en forêt privée par des ententes et des achats spécifiques. Maintenant, l’industrie peut acquérir à l’enchère des bois publics sur le marché libre avant de s’approvisionner en forêt privée.

Cette nouvelle dynamique désavantage un peu la forêt privée, surtout pour les essences feuillues qui sont également abondantes en forêt publique. En effet, les détenteurs de garanties d’approvisionnement (GA) résineuses doivent faciliter la disposition des feuillus afin d’obtenir tout leur bois résineux. De plus, les distances de transport détermineront l’intérêt économique de chacune des sources d’approvisionnement, autant publique que privée.

Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour intéresser le producteur à mettre son bois en marché. Toutefois, la principale demeurera toujours les revenus nets qui resteront dans ses poches. Il existe une corrélation évidente entre les volumes livrés et les marchés. Les années où les volumes livrés ont atteint des sommets coïncident avec les meilleures années sur les marchés du bois d’œuvre. Toutefois, les marchés du bois d’œuvre se montrent beaucoup plus volatiles que les livraisons, qui semblent moins rapides à s’ajuster. Les prix obtenus forment le principal incitateur à la récolte, de même que le revenu net tiré par le propriétaire.

Or, depuis 2009, les prix sur le marché du bois d’œuvre se sont accrus de plus de 162 % alors que le prix du bois rond obtenu par le producteur privé, lui, n’a augmenté que de 13 %. Comparativement à 2002, le prix de vente des produits du sciage résineux est 55 % plus élevé contre 9,8 % pour les droits de coupe aux producteurs. En moyenne entre 2002 et 2019, le prix moyen en dollars courants obtenu par le producteur oscille à peu moins de 45 $/m<sup>3</sup>.

La valeur marchande des bois sur pied de la forêt publique est corrélée directement au prix du bois d’œuvre et suit une courbe pratiquement identique, ce qui porte à conclure que le droit de coupe du propriétaire privé n’est pas en relation avec les prix sur les marchés, mais découle davantage des ententes locales et régionales.

Finalement en dollars constants, le producteur forestier obtenait en moyenne 17 % moins en 2019 qu’en 2002 pour chaque mètre cube livré à une usine de transformation. En 17 ans, l’incitatif financier à récolter a donc significativement diminué.

<strong>Des changements à apporter</strong>

Je suis très conscient que la dernière décennie et demie a été jonchée de différentes crises et changements qui ont été difficiles pour notre secteur. Toutefois, si nous cherchons réellement un partenariat dans lequel nous serons en mesure d’accroître la production en provenance de la forêt privée, nous devrons commencer à penser au producteur privé.

Pour assurer un revenu net qui incitera le propriétaire à récolter son lot, il y a certainement des mesures qui seraient très aidantes et permettraient de diminuer les coûts de réalisation de ses activités sylvicoles. Pensons notamment, à une fiscalité améliorée favorisant la production de bois ou la diminution des charges administratives. Toutefois, si nous voulons réellement atteindre nos objectifs, il faudra revisiter notre partenariat afin que tous puissent y trouver leur compte.
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Novembre 2024

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