Une modernisation?
Je continue de le dire, les temps changent et changent très vite. Dans ma petite vie personnelle, je me suis surpris à constater comment je me suis approprié certaines technologies si bien que je me verrais mal m’en passer aujourd’hui. En effet, après une longue vidéoconférence, j’ai regardé une toute petite partie du match des Canadiens sur l’ordinateur tout en feuilletant mon journal sur ma tablette! C’est peut-être cela la réinitialisation dont on parlait tant, mais bon, c’est une autre histoire…
Les évènements se bousculent dans le secteur forestier aussi. Ces évènements nous forcent à sortir de nos zones de confort pour atteindre nos objectifs. En forêt privée, ils sont nombreux.
Pensons notamment à :
<em>La rareté de la main-d’œuvre</em>
Tous connaissent la difficulté d’attirer et de garder à l’emploi la main-d’œuvre forestière. Des ouvriers au personnel d’encadrement jusqu’aux professionnels, la compétition est féroce pour s’adjoindre leurs services. Si nous ne changeons pas de trajectoire, il sera difficile de réaliser les travaux d’aménagement forestier.
<em>La recette sylvicole</em>
Il manque au bas mot 11M$ annuellement pour réaliser la recette sylvicole pour les producteurs actifs. Ce faisant, la pérennité de certains travaux est mise en danger. Qui plus est, cette approche mène à des directives contradictoires comme : « <em>doit-on étirer les aides à plus de producteurs possibles ou doit-on concentrer les travaux pour être plus efficaces?</em> »
<em>La réglementation</em>
Il est important de se conscientiser sur les impacts sociaux et environnementaux des activités forestières. Je ne m’opposerai pas à la protection environnementale, je crois même que cela peut être une occasion de faire évoluer nos pratiques. Mais comme tout à un coût, il est anormal que le propriétaire soit le seul à payer, comme c’est le cas maintenant.
<em>La résidualité </em>
Il n’y a pas eu beaucoup d’évolution depuis l’instauration du principe de résidualité qui, en termes simplifiés, garantit que les bois de la forêt publique sont résiduels aux autres sources d’approvisionnement, dont la forêt privée. La mécanique utilisée par le MFFP fait en sorte que ce principe consiste à évaluer à chaque cinq ans les besoins des industries et des possibilités d’approvisionnement autres pour allouer une garantie d’approvisionnement.
Or, l’essence du principe de résidualité est fréquemment outrepassée durant la période quinquennale quand les besoins divergent des évaluations reléguant le bois de la forêt privée au statut résiduel. Cette situation affecte l’accès au marché des bois en forêt privée et la capacité de créer des alliances durables avec les acheteurs. Dans une telle situation, les chances de conflits augmentent au détriment de la mobilisation des producteurs dans la mise en marché des bois.
<strong>Mais qu’en est-il de la modernisation?</strong>
Jusqu’ici, je sais bien que je ne vous ai parlé que de quelques enjeux. Que pouvons-nous faire me direz-vous? Je vous répondrai qu’en tant qu’acteurs de la forêt privée, nous pouvons aussi réinitialiser ou moderniser notre approche!
Cette réinitialisation doit mettre le propriétaire au centre des préoccupations car c’est lui que l’on veut engager dans la mise en valeur de sa propriété. Contrairement à ce que nous avons connu il y a plus de 40 ans, ce dernier a moins besoin de sa propriété pour générer des revenus et souhaite aussi atteindre d’autres valeurs.
Pour les groupements forestiers, cela signifie de développer des services adaptés qui permettront d’atteindre une large gamme d’ambitions. Cela signifie aussi de trouver de nouveaux processus afin de rendre les activités plus rentables dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Nous y travaillons depuis plusieurs années.
Par contre, une modernisation des structures ne peut se faire sans la participation de tous les partenaires de la forêt privée. Si les partenaires croient vraiment à l’apport de notre secteur au développement des régions et de l’économie du Québec, nous devrons trouver des solutions rapidement afin d’accompagner le propriétaire notamment en :
<ul>
<li>Assurant des ententes d’achat de bois justes et prévisibles avec les transformateurs et l’État;</li>
<li>Adoptant un discours cohérent entre la volonté de mettre en valeur les lots boisés et les moyens pour le réaliser;</li>
<li>Favorisant l’aménagement forestier professionnel plutôt que de le rendre inintéressant par une réglementation mal adaptée.</li>
</ul>
La liste est courte, mais combien complexe à réaliser. Aujourd’hui, je crois que nous avons tous acquis la maturité et la volonté de faire le pas de plus. Nous avons démontré que nous pouvions changer nos actions pour atteindre l’objectif. Je crois que nous sommes prêts pour moderniser nos structures.
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