Un moment décisif pour la forêt privée
Un moment décisif ou une "période charnière" est un instant particulier dans le temps où une série d'événements ou de circonstances se combinent pour provoquer un changement significatif ou décisif dans une situation, un processus, une histoire ou la vie d'une personne. Ces moments sont considérés comme des tournants, car ils peuvent avoir un impact durable sur le cours des événements. L’année 2024 pourrait être un de ces moments pour transformer la trajectoire associée au développement de la forêt privée.
La relève au sein des groupements forestiers est bien présente et s’implique dans le développement et l’innovation. Les opérations sur le terrain sont mécanisées et les processus administratifs sont maintenant numérisés dans la majorité des groupements. Sachant qu’au mois de septembre 2023, plusieurs groupements forestiers étaient à la recherche de moyens pour réaliser davantage de travaux sylvicoles, nous sommes à la recherche de leviers afin de répondre à la demande et réaliser davantage de travaux d’aménagement forestier durable.
En forêt privée, les investissements (traitements sylvicoles) des 50 dernières années ont donné des résultats. Cette situation est imposante et très stimulante pour le Québec. Toutefois, sachant que les revenus liés à la récolte de bois sont partagés entre les propriétaires forestiers, les entreprises de récolte de bois, les usines de transformation des bois, le Gouvernement du Québec et le Gouvernement du Canada, il est impossible de demander uniquement aux propriétaires de boisé d’assurer la remise en production des superficies pour les prochaines années et d’assumer tous les frais associés à l’aménagement forestier. Pendant cette période, le niveau d’investissement a aussi oscillé et a créé un casse-tête qui peut heureusement être résolu. Groupements forestiers Québec évalue que l’ensemble des acteurs auraient avantage à se doter de moyens afin de répartir plus uniformément les volumes à récolter et les travaux sylvicoles à réaliser dans les prochaines années afin de limiter des écarts extrêmes entre l’offre et la demande et de maintenir une capacité à assurer une régénération de nos forêts privées avec des essences qui assureront une résilience de nos écosystèmes forestiers.
Dans le contexte des changements climatiques, les écosystèmes forestiers sont soumis à des impacts qui dépassent leur capacité d’adaptation. La résistance et la résilience des forêts et des espèces sensibles au réchauffement climatique peuvent, entre autres, être améliorées en diversifiant la composition des peuplements forestiers, notamment au niveau génétique, spécifique et fonctionnel, et ce, à différentes échelles. En fonction de la vulnérabilité des écosystèmes et des objectifs de maintien du capital ligneux et de la conservation du réseau de connectivité écologique, il est possible de renforcer la résistance des écosystèmes; de favoriser leur résilience ou de faciliter leur transition.
L'aménagement forestier durable est l’outil de prédilection pour diminuer la vulnérabilité des forêts aux changements climatiques et pour aider à équilibrer l’offre et la demande, et ce, au bénéfice de tous les acteurs. Au mois de novembre, GFQ présentera à différents ministères et organismes ainsi qu’à nos partenaires différentes simulations d’aménagement des forêts privées. Nous sommes sûrs que cet exercice sera utile pour justifier un niveau optimal d’investissements sylvicoles en forêt privée.
Même si les budgets d’aménagement regroupé (forêt privée) constituent uniquement 18% du chiffre d’affaires des groupements forestiers, il s’agit d’un volet très structurant pour la forêt privée dans son ensemble et pour réaliser des aménagements durables. Le niveau d’investissement en aménagement des forêts privées a des impacts significatifs sur la capacité de nos organisations à fournir des conseils professionnels et techniques aux producteurs, sur la capacité à réaliser des investissements sylvicoles porteurs pour l’avenir des forêts et sur notre capacité à orienter le développement du secteur forestier dans les prochaines années. GFQ évalue que le niveau optimal d’investissements sylvicoles se situe à un peu moins de 100 M$ annuellement (incluant les aides fiscales). Passer de 73,5 M$ à 97,7 M$, de façon stable, marquerait l’histoire du secteur de la forêt privée. Le message serait clair : l’aménagement forestier durable des forêts privées et l’utilisation optimale du matériau de bois dans la construction sont des solutions à la lutte contre les changements climatiques.
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