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Scierie Saint-Michel investit dans l’avenir


Loin de se laisser décourager par la période actuelle où le prix du bois est bas, la Scierie Saint-Michel, dans la région de Lanaudière, choisit d’avoir confiance en l’avenir et investit dans ses installations de rabotage et la mise en place d’une usine de granules.

Alexandre D’Astous

Un groupe d’actionnaires locaux a racheté l’entreprise en 2017. « Cela fait plus de 100 ans qu’il y a des opérations de sciage à Saint-Michel-des-Saints. Il y a eu plusieurs propriétaires au fil des années. Depuis 2017, l’entreprise privée possède un actionnariat local », indique le président et directeur général de Scierie Saint-Michel, JEAN-FRANÇOIS CHAMPOUX, qui est également vice-président du Conseil de l’industrie forestière du Québec.

L’usine la plus écoénergétique au Canada
Au cours des dernières années, la Scierie Saint-Michel a pris un virage afin de devenir l’usine la plus écoénergétique au Canada. « Nous avons réduit nos émissions de gaz à effet de serre de manière substantielle. Nos nouveaux investissements sont faits dans cette optique-là également. Nous sommes en train de finir la modernisation de notre usine de deuxième transformation du bois pour nous assurer que le maximum d’emplois sera créé et aussi pour nous assurer que la récupération soit complète et que quand la Scierie Saint-Michel touche à un arbre, le public ait la garantie qu’il sera utilisé en entier », explique M. Champoux.
Récemment, l’entreprise a investi dans son usine de rabotage afin de mettre en place une ligne de classification du bois automatisée. « On voulait s’assurer que notre usine de rabotage soit du dernier cri. On peut maintenant dire que nous avons une usine de rabotage de haute technologie qui nous permettra de demeurer compétitifs sur les marchés et de continuer à opérer lorsque les marchés sont moins favorables. Pour cela, il faut avoir les meilleurs équipements disponibles. Le projet est en fonction actuellement. Lorsque le marché va redevenir bon, nous serons prêts. Nous sommes présentement dans une période plus propice pour des temps d’arrêt dans nos usines », mentionne le PDG.

Un investissement de 3,5 M$
Les travaux à l’usine de rabotage ont été réalisés de juin à août. « Nous venons de démarrer le dernier projet. On parle d’un investissement de 3,5 M$ dans l’usine de rabotage. Maintenant que cela est terminé, nous nous attarderons sur la deuxième transformation. Nous voulons nous assurer qu’un maximum d’emplois soit créé ».

Bientôt une usine de granules de bois
La Scierie Saint-Michel travaille présentement sur un projet en collaboration avec des clients en provenance de l’Italie pour la mise en place d’une usine de granules de bois qui sera en service en novembre 2023. Le 28 septembre dernier, lors de son entretien avec Le monde forestier, M. Champoux estimait les travaux de mise en place de l’usine réalisés à environ 65 %.
L’usine de granule prend place sur l’ancien site de la Louisiana Pacifique qui était fermé depuis 2006 en raison de la crise forestière de l’époque. « Nous nous sommes portés acquéreurs du site en 2020 et nous avons développé un projet pour combler la superficie. Nous aurons 100% de la superficie qui sera occupée d’ici la fin de 2023. C’est un beau projet qui vient consolider notre opération première qui demeure la transformation du bois. Cela vient aussi consolider notre position de leader au plan écoénergétique au Canada parce qu’au lieu de distribuer les produits restants sur les marchés autres, nous allons les consommer pour faire de la transformation du bois. Nous incluons dans cette réalisation un nouveau projet de récupération énergétique pour nous assurer que nous serons parmi les premiers dans l’Est-du-Canada à travailler un projet de pointe de récupération énergétique avec Idéa Contrôle qui ferons de nous un des plus grands récupérateurs d’énergie au pays », mentionne M. Champoux.

Plus de 300 employés
La Scierie Saint-Michel joue un rôle important dans l’économie de la région de la Haute-Matawinie avec plus de 300 employés. « Notre objectif ultime est d’analyser où il pourrait y avoir du gaspillage d’énergie et intervenir rapidement. Un projet visant une meilleure répartition de l’utilisation de l’électricité sera mis en place en 2024 », signale M. Champoux.
Cette volonté des actionnaires de la Scierie Saint-Michel d’être le plus écoénergétique possible vient du fait qu’une grande proportion de la forêt dans la région de Lanaudière est publique. « Nous considérons que c’est un privilège d’avoir le doit de récolter du bois en forêt publique. Il fait s’assurer que notre empreinte industrielle soit au minimum. Si on veut gagner le respect du public et gagner le respect de notre industrie, il faut s’assurer de faire nos activités d’une manière différente, dans le respect de l’environnement et nous assurer d’avoir les meilleures pratiques. Nous avons des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre. Il faut le faire de la façon qui soit le plus efficace pour notre industrie », ajoute Jean-François Champoux. La Scierie Saint-Michel s’approvisionne en bois de la forêt publique dans les régions des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie.

De la consolidation pour les prochaines années
Le PDG indique que les prochaines années serviront à consolider les projets qui sont actuellement mis en place pour s’assurer que nous ayons une équation favorable de notre entreprise aux plans du contrôle des coûts et du contrôle de nos opérations. Nous restons toujours à l’affût des opportunités qui peuvent se présenter. Il y a beaucoup de changements qui s’en viennent dans l’industrie en raison des changements climatiques et des feux de forêt. On s’attend à ce que le Forestier en chef annonce de moins bonnes nouvelles pour certaines régions. On veut nous assurer que la Scierie Saint-Michel sera un joueur actif. Nous n’avons pas la volonté de devenir le plus gros, mais nous voulons devenir le meilleur récupérateur de bois au Québec. Nous voulons annuler complètement le gaspillage, même si ça implique de produire un peu moins de bois dans une année. C’est une stratégie qui sera gagnante à long terme », assure M. Champoux.

Un plus grand respect pour les ingénieurs forestiers
Jean-François Champoux estime que l’industrie forestière devrait accorder un plus grand respect aux ingénieurs forestiers qui sont les représentants du public en forêt. « Je pense qu’au Québec nous aurions avantage à valoriser le travail des ingénieurs forestiers parce qu'ils ont le mandat de protéger notre public. Personne n’oserait contester le travail d’un ingénieur en pont ou en construction d’immeuble, mais plusieurs le font avec le travail d’un ingénieur forestier. Pourtant, ils sont là pour s’assurer que notre industrie soit encore là dans 100 ans ».
M. Champoux est optimiste pour l’avenir parce que, selon lui, le prix du bois ne représente pas tout. « Dans l’histoire, les prix du bois ont toujours été cycliques. Ce n’est pas compliqué. Pendant que les prix sont en haut, il faut que tu sois le meilleur et pendant que c’est en baisse, il faut que tu sois le plus agile pour être capable de maintenir ta production et de ne pas perdre tes employés ».

Un centre de formation à l’interne
Le fait d’avoir un centre de formation à l’interne octroyant des diplômes d’études professionnelles en opération de machineries d’usine facile le recrutement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. « Avec les actions que nous avons prises en 2020, nous sommes présentement à effectifs complets. Nous avons notre monde. Le centre de formation remplit bien son rôle pour des emplois de production. La pénurie de main-d’œuvre, nous la sentons davantage dans des postes plus spécialisés comme les mécaniciens industriels. Nous travaillons aussi avec de la main-d’œuvre étrangère, notamment en provenance de la Tunisie pour combler nos besoins en travailleurs hautement spécialisés. »

La Scierie Saint-Michel est parfaitement intégrée de l’ingénierie forestière au marché des ventes. « Nous avons nos propres opérations forestières avec un système de sous-traitance exclusive avec nous. Dans nos 300 travailleurs, nous avons une base d’employés qui marche par sous-traitance, mais pour qui nous sommes leur seul client », poursuit le PDG.

Jean-François Champoux ne s’inquiète pas de voir la ressource forestière diminuer au Québec. « On coupe seulement les intérêts. On ne touche pas au capital », image-t-il. Pour lui, le principal défi des prochaines années sera en lien avec les changements climatiques. « Les industries ont un impact immense sur les gaz à effet de serre. Les vieilles pratiques ne devraient plus être encouragées. De notre côté, nous voulons faire les choses différemment pour devenir les meilleurs. Nous sommes en train de nous donner une agilité que peu d’entreprises ont en devenant plus complémentaires dans nos opérations. Il faut garder l’œil ouvert aux changements et aux nouveaux marchés ».

La Scierie Saint-Michel écoule plus de 60% de sa production aux États-Unis. L’entreprise va lancer un nouveau site Internet dans les prochaines semaines afin de pouvoir commencer à utiliser le commerce en ligne pour certains produits.
 
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