Savez-vous interpréter les signes?
Les adeptes de chasse savent que pour avoir du succès, il importe de connaître son territoire et de bien savoir identifier les indices de présence et interpréter les signes. Ce sont effectivement des éléments déterminants que tout bon chasseur doit tenir compte s’il espère un jour atteindre sa cible. Personnellement, je ne suis pas une chasseuse, mais je trouvais l’analogie intéressante avec le maintien de la vie associative à l’intérieur d’une coopérative. Alors, chers coopérateurs et chères coopératrices, en cette semaine de la coopération, je vous pose la question : « Savez-vous interpréter les signes d’une vie associative qui s’effrite? ».
<strong>Connaître son territoire</strong>
La formule coopérative comporte des exigences très précises en rapport avec la <em>Loi sur les coopératives</em> et également en lien avec les valeurs et les principes coopératifs. La gestion de la vie coopérative ne se réfère donc pas seulement aux particularités financières coopératives (gestion des parts et des excédents). Elle concerne aussi la mobilisation des membres et le respect des valeurs par et pour les personnes. Pour se conformer aux exigences, les coopératives doivent s’assurer de comprendre et de gérer cette dimension. Bref, non seulement l’administration de la coopérative doit gérer l’entreprise en conformité avec les valeurs et les principes coopératifs, mais elle doit également s’assurer que ces derniers soient bien connus, compris et vécus par les membres. Le fait que les membres adhèrent à la coopérative peut sembler un engagement suffisant pour certains gestionnaires, mais cela présente une très faible garantie si aucun effort n’est consenti pour les éduquer. Les questions à se poser sont donc :
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<li>Est-ce que ma coopérative gère l’entreprise en conformité avec les principes et les valeurs coopératifs?</li>
<li>Est-ce que ma coopérative fait de l’éducation coopérative auprès de ses membres et de ses travailleurs (surtout sur les fondements et les valeurs) et offre-t-elle régulièrement de la formation coopérative (surtout sur la compréhension du fonctionnement) à ses nouveaux membres et ses membres réguliers?</li>
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<strong>Savoir identifier les indices</strong>
Une coopérative, tout comme n’importe quelle organisation démocratique, peut mal fonctionner au point où ses membres estiment ne plus y trouver leur compte. Pour éviter la catastrophe, il faut être à l’affût des signes de désengagement, de frustration et de mécontentement des membres. Un faible taux de participation aux assemblées générales, une difficulté à recruter des administrateurs, le manque de solidarité entre les membres, le discours négatif de certains envers leur coopérative, sont tous des signes à prendre très au sérieux, car ce sont là des indices de perte de sentiment d’appartenance des membres qui peuvent mener jusqu’à leur désintérêt à s’allier avec les autres membres pour faire jouer la démocratie coopérative dans le sens de la défense de leurs intérêts communs.
Dans une coopérative, plus que dans toute autre forme d’organisation, il importe de bien expliquer les objectifs de gestion. De bons gestionnaires de coopérative maîtriseront l’art de communiquer, de convaincre et de ne décider que ce qui est acceptable et accepté par les membres.
Bref, la coopérative est un outil collectif complexe qu’il faut entretenir constamment. Les questions à se poser sont donc :
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<li>Est-ce que ma coopérative met en marché ses avantages coopératifs auprès de ses membres et est-ce que les membres connaissent bien ces avantages?</li>
<li>Est-ce que ma coopérative met à jour régulièrement son règlement de régie interne?</li>
<li>Est-ce que mon organisation évalue périodiquement sa vie coopérative et rend-t-elle compte des résultats aux membres?</li>
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<strong>Interpréter les signes</strong>
L’interprétation des signes consiste en la mise en commun des indices identifiés, leur analyse et la préparation d’un plan d’action pour revigorer ou réanimer la vie associative. Le conseil d’administration et la direction générale doivent prendre cette tâche très au sérieux, car une vie associative déficiente peut mener une coopérative à sa perte. Ce plan doit mettre en pratique les trois verbes suivants : écouter, consulter et impliquer les membres avant de décider pour eux.
Alors chers lecteurs et chères lectrices, à la lumière de ces informations, croyez-vous être en mesure d’interpréter les signes? Êtes-vous bien à l’affût d’indices sur la santé associative de votre coopérative? Prenez-vous la vie associative assez au sérieux? J’espère que oui. Sur ce, je vous souhaite bonne chasse et bonne semaine de la coopération!
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