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Réflexions sur l’avenir de la forêt privée

Le 17 novembre 2023, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, annonçait la réalisation d’une démarche intitulée Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt. Dans les jours suivants, la ministre nous confirmait son intérêt à réaliser des réflexions qui allaient traiter autant des forêts situées sur les terres du domaine de l’état que des forêts privées. 

Dans le cadre de cette démarche, la ministre vise la tenue de tables régionales dans douze régions. Regroupant près d’une trentaine d’intervenants locaux concernés par l’avenir de la forêt, ces rencontres se veulent un moment privilégié pour définir une vision d’avenir partagée et d’identifier des solutions d’adaptation, notamment aux changements climatiques. Par la suite, une Rencontre nationale se tiendra à Québec avec les organismes nationaux concernés. Ce sera l’occasion de faire une rétrospective des principaux constats et pistes de solution discutés lors des Tables régionales. 

Face à cette consultation, nous sommes prêts à fournir des solutions. Dans les dernières semaines, même avant l’annonce de la démarche gouvernementale, plusieurs partenaires se sont regroupés afin d’entamer une série de réflexions. Ainsi, à ce jour, il y a déjà plusieurs consensus établis entre les partenaires du secteur forestier. 
 
Simplifier le cadre légal et règlementaire 
Avec une sensibilisation croissante aux enjeux environnementaux, les gouvernements et le milieu municipal élaborent de nouvelles réglementations afin d’encadrer la réalisation d’activités d’aménagement forestier en forêt privée. Sachant que nos connaissances scientifiques liées à la gestion forestière évoluent, il est normal que le cadre législatif se modernise. 

En forêt privée, moderniser le cadre réglementaire et légal peut nécessiter la modification de 1107 règlements municipaux, de mettre à jour 87 schémas d’aménagement et onze lois provinciales. Sans douter des bonnes intentions des professionnels et législateurs, le cadre légal est rendu beaucoup trop complexe pour penser ajouter des couches supplémentaires. Actuellement, un propriétaire de boisé et même un professionnel forestier s’y retrouvent très difficilement. Dans mon quotidien, c’est devenu un méchant défi de participer à l’élaboration des stratégies de coordination d’aménagement du territoire qui se multiplient.
 
La situation décrite plus haut rend caduc l’engagement découlant de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (LADTF) qui attribue au régime forestier la responsabilité : « d’encadrer l’aménagement des forêts privées ».  Dans les prochaines semaines, il sera très important de sensibiliser la ministre à la nécessité de freiner la multiplication et complexification du cadre légal et réglementaire applicable en forêt privée.  

Actuellement, il y a un consensus entre les partenaires de la forêt privée à l’effet qu’une intervention à l’échelle provinciale est nécessaire pour corriger la situation, que ce soit par l’uniformisation des réglementations municipales en abattage d’arbres, l’établissement d’un cadre minimal d’activités forestières autorisées sans demandes de permis ou bien la reconnaissance de la professionnalisation des activités forestières par la détention d’un plan d’aménagement forestier. Minimalement, si la LADTF est modifiée prochainement, il ne faudrait pas oublier d’ajouter un article précisant que : Tout propriétaire de boisé enregistré peut aménager sa forêt dans le but de préserver ou d’améliorer l’état de santé de la forêt. C’est fondamental! 

Investir en forêt privée avec davantage de prévisibilité 
En forêt privée, quelques éléments nuisent à la prévisibilité, ce qui érode l’environnement d’affaires des producteurs, entraîne une perte de productivité et affaiblit la capacité à réagir aux changements globaux. Les partenaires de la forêt privée doivent mieux outiller les propriétaires afin de mettre de l’avant les enjeux liés aux changements climatiques ainsi que la perte de biodiversité et les moyens de s’adapter. Toutefois, pour que le tout se concrétise, il est important de définir un juste niveau d’investissement sylvicole en forêt privée. Avec les partenaires, il a été convenu que ce niveau devrait notamment prévoir des investissements pour accroître la résilience des forêts aux changements climatiques ou même pour faire face à une montagne de bois qui se profile le à l’horizon en raison d’un niveau élevé de plantations réalisées dans les années 1980-90. Les producteurs et les organismes du secteur souhaitent une hausse prévisible de l’appui financier. À la lecture de l’éditorial du président de Groupements forestiers Québec, vous verrez que nous avons déjà identifié, avec des partenaires de la forêt privée, les niveaux d’investissement nécessaires pour les prochaines années. 

La complexité du cadre légal et réglementaire ainsi les investissements sylvicoles en forêt privée sont des enjeux qui font consensus et qui seront certainement abordés lors des prochaines tables de réflexions sur l’avenir de la forêt.  
 
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