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Près de 6,7 M$ pour accélérer le virage numérique

Groupements forestiers Québec et FPInnovations ont reçu un montant de 6 678 540 $ du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) pour accélérer le virage numérique des entreprises œuvrant en forêt privée au cours des trois prochaines années.
Alexandre D’Astous
L’annonce gouvernementale du 20 avril dernier visait deux volets distincts : la transition numérique des opérations forestières et l’optimisation des équipements industriels de séchage pour les produits du bois.
Le premier volet permettra à FPInnovations et à Groupements forestiers Québec de sensibiliser et accompagner les entrepreneurs forestiers dans l’implantation de solutions de suivi et de diagnostic de performance à distance. Ces solutions généreront un flux continu de données qui permettront aux entrepreneurs d’augmenter l’efficacité de leurs équipements et la rentabilité de leurs opérations.
C’est Groupements forestiers Québec qui accompagnera les producteurs forestiers en forêt privée dans leur transition numérique, en collaboration avec FPInnovations.
« Notre mandat premier est la sensibilisation de l’Industrie forestière. Nous irons faire la promotion du potentiel de la transformation numérique tant dans les opérations forestières que dans les scieries avec des activités comme des webinaires, des vidéos ou des colloques pour présenter les types d’outils et de technologies disponibles pour bénéficier du potentiel du numérique. Dans l’industrie forestière, la transformation numérique débute; nous ne sommes pas aussi avancés que d’autres secteurs comme le minier. Notre objectif, c’est de prouver qu’il y a du potentiel à s’investir et à s’impliquer pour modifier nos modèles d’affaires de manière à y intégrer l’automatisation dans certaines tâches », indique le gestionnaire du groupe Transformation numérique chez FPInnovations, FRANCIS CHARETTE.
Des gains environnementaux
Selon ce dernier, la transformation numérique permet d’entrevoir des effets bénéfiques sur l’environnement. « Quand une machine devient plus performante, ça lui prend moins de temps pour faire son travail, donc elle brûle moins de carburant. La productivité est directement liée à la consommation de carburant, ce qui diminue évidemment l’empreinte carbone », explique M. Charette.
FPInnovations interagit déjà avec l’industrie forestière, ce qui peut expliquer pourquoi l’organisation a été choisie pour être le porteur du dossier avec Groupements forestiers Québec par le ministère de l’Économie et de l’Innovation. « Nous avons déjà un lien privilégié avec l’industrie, avec les grandes compagnies forestières et avec les entrepreneurs. Nous allons profiter de notre réseau pour aller faire du transfert technologique au niveau de la transformation numérique. Notre mandat, ce n’est pas d’amener Internet partout en forêt dans les trois prochaines années, mais d’aller dans 10 secteurs régionaux distincts et d’évaluer le potentiel en fonction des caractéristiques de terrain et des équipements disponibles. Nous allons faire une analyse terrain et faire des recommandations sur la technologie la mieux adaptée à chaque situation. Il y a des bénéfices à amener Internet en forêt, notamment en termes de santé et de sécurité. Dans plusieurs forêts, le seul moyen de communication demeure la radio FM. Les plans d’urgence pourraient se déployer plus rapidement avec un téléphone cellulaire qu’avec une radio FM », précise M. Charette.
Le développement d‘options de communication satellite à basse orbite tel que Starlink, permet d’accélérer le déploiement de la technologie numérique. « Il y a déjà des entrepreneurs forestiers au Québec qui sont connectés avec Starlink et qui ont Internet dans leurs camions de service », souligne M. Charette.
Groupements forestiers Québec compte des mandats spécifiques à la forêt privée tandis que FPInnovations est davantage présente en forêt publique, mais les deux organisations travaillent en collaboration. « Cette entente va nous permettre d’aller travailler aussi avec des entrepreneurs en forêt privée. Ainsi, il y aura une meilleure concertation entre ce qui se fait en forêt publique et en forêt privée. L’objectif est de faire la promotion du potentiel de la technologie numérique. Il n’y a pas de limite. Nous allons oeuvrer avec ceux qui veulent travailler avec nous, qu’ils soient en forêt publique ou privée. Nos interventions sont davantage ciblées pour des abatteuses multifonctionnelles qui bénéficient d’une plus grande richesse de données », mentionne M. Charette.
Planification
Comme l’annonce du financement est récente, FPInnovations est présentement à l’étape de la planification de son plan d’action. L’organisation souhaite offrir un colloque à la fin de la première année du projet pour rassembler les partenaires afin qu’ils puissent expliquer comment ils utilisent la technologie et les bénéfices qu’ils en retirent. Par la suite, FPInnovations prévoit soutenir les entrepreneurs dans la mise en valeur de leurs données numériques. « La première étape, c’est de s’assurer que ce sont de bonnes données. Il y a une importante phase de formation et de calibration, par exemple des têtes d’abattage. Si à la base les données sont erronées, tout le reste tombe. Si on ne peut pas se fier aux données, toute l’analyse qu’on peut faire par la suite ne sert à rien. La première étape qu’on fait avec les entrepreneurs, c’est de les former à bien calibrer leurs machines. Après cela, on peut extraire des données et en faire l’analyse pour leur retourner des données sur l’inventaire de produits effectué par leur machine, leur fournir de l’information sur la productivité de la machine et son utilisation et éventuellement faire des diagnostics à distance. Nous avons des experts en opération de récolte qui peuvent combiner leur connaissance aux données récoltées pour faire des recommandations ».
En forêt privée, Groupements forestiers Québec va travailler à enclencher une transition vers la prise de données numériques de façon à générer des modèles standardisés impliquant le moins de mesures possibles sur papier, mais plutôt des données sur support informatique. L’organisme veut également développer une plateforme de mouvement des bois. Le transport des bois peut être complexe, car ce sont des plus petits volumes en forêt privée.
« Militant depuis plusieurs années pour le déploiement de moyens permettant à ses groupements membres et aux propriétaires de boisés qu’ils représentent d’apporter leur pleine contribution au développement du Québec, Groupements forestiers Québec (GFQ) ne peut que se réjouir de cette annonce. En joignant leurs expertises afin de favoriser la transition numérique, GFQ et FPInnovations verront à optimiser les opérations en forêt privée, ce qui contribuera aussi à répondre à l’enjeu primordial de la main-d‘œuvre », déclare le président de Groupements forestiers Québec, RÉNALD BERNIER.
Un projet pilote pour les scieries
FPInnovations a le mandat de sensibiliser les scieries québécoises et de leur démontrer le potentiel de la transformation numérique en créant un nouveau système de suivi du procédé de séchage qui sera mis en place chez Clermond Hamel, une entreprise québécoise de sciage, de séchage et de rabotage. Ce projet servira de vitrine technologique en tant que système pilote.
Ce système, développé en partenariat avec SPN Consultants, permettra d’améliorer la productivité et la qualité du bois séché afin d’augmenter l’efficacité des procédés et, par conséquent, de réduire la consommation énergétique donc l’empreinte carbone.
« Nous sommes heureux que FPInnovations ait sélectionné la technologie de SPN pour ce projet de valorisation de données ayant comme objectif l’optimisation des opérations de séchage. Nous sommes fiers de participer à cette initiative fort prometteuse à l’économie de cette industrie », commente JEAN NEHMÉ, Chef de la direction, SPN Consultants.
Un projet en trois phases
« Notre projet comporte trois phases, dont la première est de faire de la sensibilisation en montrant le potentiel de la transformation numérique. On veut que tout le monde voit que ça existe et qu’il y a déjà des joueurs impliqués. Ensuite, c’est de démontrer ce qu’on fait avec Clermond Hamel où l’on suit six séchoirs, de façon à offrir un portrait précis de ce que le suivi des opérations de séchage peut offrir comme performance. Par la suite, on veut développer la recette avec d’autres entreprises et soutenir plusieurs autres scieries pour implanter le système de suivi en temps réel des opérations de séchage. Nous allons chercher de la donnée directement à l’usine avec un de nos partenaires, Effecto, et nous allons suivre plusieurs indicateurs installés sur des séchoirs qui vont nous permettre de détecter des anomalies. Nous avons des algorithmes qui analysent les données 24 heures sur 24 et, lorsqu’ils détectent quelque chose d’inhabituel, on communique l’information à l’usine de façon automatisée, via des applications mobiles », explique Francis Charette.
Celui-ci ajoute que les travaux ont débuté avec Clermond Hamel parce que c’est une « entreprise dynamique et visionnaire. Ils utilisent un système de traçabilité des opérations de la compagnie Effecto qui nous permet de suivre le bois entre la sortie de l’usine de sciage, le séchage et le rabotage. Ça nous permet de voir comment les lots sont assemblés, quelles sont leurs caractéristiques et comment ils sortent du séchage et d’avoir la qualité finale de toutes les pièces qui sortent. Ce système de traçabilité nous permet d’aller plus loin dans l’analyse que si on pouvait suivre seulement le séchage », conclut M. Charette.
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