Pourquoi s’intéresser au chiffre d’affaires des groupements forestiers?
Dans mes expériences passées, j’ai souvent eu à faire appel à des notions économiques afin de justifier des investissements. Souvent, j’utilisais des calculs de rentabilité économique, de rentabilité financière ou de bénéfices économiques. Je me suis souvent demandé : « pourquoi s’intéresser au chiffre d’affaires puisque cette information ne vient pas justifier concrètement l’effet d’une décision? » Cette donnée peut toutefois aider à identifier des priorités organisationnelles.
Avant d’aller trop loin, voici à quoi correspond le chiffre d’affaires. Il s’agit de la somme des prix de vente des marchandises, des produits fabriqués ou des services rendus qui sont facturés par une entreprise à un client. Si, une fois les charges déduites, le résultat est positif, on parle de bénéfice.
Au Québec, le chiffre d’affaires total des groupements forestiers était de 248 M$ en 2021-2022. On peut ensuite séparer la provenance du chiffre d’affaires en 3 classes principales, soit :
- Vente de bois : 125,2 M$
- Budget d’aménagement regroupé : 36,2 M$
- Forêt publique : 38,3M$
Ces données permettent de constater que la vente de bois est fondamentale pour les groupements forestiers et que le chiffre d’affaires en forêt publique est aussi important que le budget d’aménagement regroupé. Bien sûr, ce portrait varie selon les régions. Par exemple, pour les groupements situés au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la forêt publique génère une part plus importante du chiffre d’affaires que pour les groupements du sud du Québec.
À court terme, le chiffre d’affaires et les bénéfices économiques associés à la vente de bois et à la forêt publique pourraient être influencés par deux dossiers : la mise en marché collective du bois de sciage et le nouveau système d’octroi de contrats en forêt publique.
<strong>Mise en marché collective du bois de sciage</strong>
Dans plusieurs régions, les groupements forestiers ont une Implication complète dans la mise en marché du bois de sciage. Ils ont développé une grande expertise liée à la récolte de bois : organisation des chantiers, gestion des opérations, contrôle de la qualité, organisation du transport, etc. Depuis sa création, le modèle d’affaires des groupements forestiers a certainement aidé le secteur forestier privé à demeurer compétitif par le regroupement de superficies et de propriétaires ayant les mêmes objectifs (convention d’aménagement).
Trois syndicats et offices de producteurs forestiers ont des projets sur la table qui pourraient influencer le chiffre d’affaires et les bénéfices liés à la vente de bois. Considérant que plus de 90% des producteurs forestiers reconnus sont membres de groupements forestiers et que plus de la moitié de notre chiffre d’affaires provient de la vente de bois, c’est normal de s’y intéresser.
Sans prendre position dans ce dossier, GFQ est d’avis que les groupements forestiers ciblés par les nouveaux projets devraient analyser les avantages et inconvénients des solutions régionales proposées par les syndicats et offices de producteurs forestiers et se positionner régionalement en faveur du modèle de mise en marché qui apporte le plus de bénéfices aux propriétaires forestiers regroupés.
<strong>Nouveau système d’octroi de contrats en forêt publique</strong>
Le chiffre d’affaires en provenance de la forêt publique pourrait aussi varier dès la prochaine année. Récemment, Rexforêt a partagé aux entreprises sylvicoles les valeurs des contrats à recevoir. Même si le processus de répartition des contrats n’est pas finalisé, on peut s’attendre à une baisse de plus de 20% de la valeur des contrats alloués aux groupements forestiers en comparaison à 2022-2023. Je ne peux pas vous dire si le chiffre d’affaires en provenance de la forêt publique baissera en 2023-2024, car il y a aussi des appels d’offres à venir. On ne peut encore moins s’avancer sur la possibilité de réaliser des bénéfices. Les résultats des appels d’offres seront connus dans les prochaines semaines. Il y a encore beaucoup d’inconnus et d’incertitudes en forêt publique actuellement et ce n’est pas l’idéal. Bref, il n’est pas garanti que tous les groupements forestiers réaliseront des bénéfices en forêt publique dans la prochaine année.
En terminant, je vous rappelle que le modèle d’affaires des groupements forestiers prévoit l’adoption d’une politique de redistribution des bénéfices. Cette redistribution doit avoir comme finalité l’aménagement collectif des propriétés et le retour en services et en valeurs du fruit des opérations aux propriétaires conventionnés et à la collectivité. Il est intéressant de connaitre le chiffre d’affaires des groupements forestiers afin de cibler des priorités organisationnelles, mais c’est encore mieux de s’intéresser aux bénéfices des groupements forestier, car ceux-ci influencent le développement collectif de nos régions.
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