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Les propriétaires de boisé : au cœur de l'avenir du secteur forestier


Récemment, Groupements forestiers Québec a été sollicité par le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) pour présenter tout le potentiel de l’aménagement forestier durable des forêts privées. Lors de leur congrès qui s'est tenu les 28 et 29 mai, l’équipe de GFQ a notamment eu l’occasion de dévoiler diverses projections. Dans des éditoriaux antérieurs, j'ai déjà évoqué l’efficacité des investissements effectués ces dernières années en forêt privée, mais cette fois-ci, je vais fournir un niveau de détails plus approfondi. 

Dans un avenir proche (0 à 10 ans), de nombreux propriétaires forestiers constateront que les investissements réalisés au début des années 1980 ont permis de créer un capital forestier significatif. En croisant les statistiques de reboisement en forêt privée avec les données des systèmes de gestion des groupements forestiers, on observe qu'il y a une abondance généralisée de plantations qui arrivent à maturité. Oui, le niveau de récolte en forêt privée devrait augmenter substantiellement si quelques facteurs simples sont respectés. Avec la Fédération des producteurs forestiers du Québec, on rappelle fréquemment que la décision de récolter et d’aménager la forêt privée de l'avenir est dépendante de la volonté des propriétaires. Ainsi, il est important que l’activité proposée puisse correspondre aux motivations personnelles, qu’elle soit rentable financièrement, qu’elle puisse être réalisée dans un cadre réglementaire et fiscal favorable et que le propriétaire puisse obtenir un soutien technique lors des travaux. 

De façon assez réaliste, nous pourrions mobiliser près de 2 millions de mètres cubes supplémentaires annuellement dès maintenant si nous avions la capacité d’assurer une régénération continue de la forêt avec des essences diversifiées et biens adaptées au climat du futur. Dans environ 10 ans, nous pourrons certainement envisager une récolte de 4 millions de mètres cubes supplémentaires annuellement, issus des plantations. L’important à ce moment-ci est de voir venir ce potentiel et de s’organiser pour le matérialiser. Ce serait assez dramatique de laisser dépérir des plantations avec des rendements de plus de 300 mètres cubes à l’hectare. La dernière chose que l’on veut collectivement est de libérer le CO2 des plantations dans l’atmosphère. Il faut s’organiser pour créer des conditions favorables aux propriétaires pour que ce bois soit transformé en matériaux durables afin de substituer d’autres matériaux de construction plus polluants.  

Lors du prochain congrès du CIFQ, GFQ présentera les outils utilisés par les groupements forestiers pour assurer une prévisibilité de l'approvisionnement en forêt privée. Ce sera également l'occasion de discuter des solutions à mettre en place pour éviter une forte expansion suivie d’un ralentissement due à l’arrivée à maturité des plantations. GFQ expliquera aussi comment sa nouvelle plateforme de mouvance des bois contribuera au respect de la nouvelle norme EUDR (European Union Deforestation Regulation) de traçabilité des bois. Cette réglementation, mise en place par l'Union européenne pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, doit entrer en vigueur en 2025 et influencera certainement notre capacité à commercialiser du bois si nous maintenons le statu quo. 

Considérant les baisses de possibilité forestières en forêt publique, l’arrivée à maturité de nombreuses plantations en forêt privée, l’entrée en vigueur de nouvelles normes de traçabilité, de même que l’importance de l’aménagement forestier dans un contexte de changements climatiques, les propriétaires de boisé sont sérieusement au cœur de l'avenir du secteur forestier.  

Bon été! 
 
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