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Les conséquences d’une inaction prolongée

Épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette, augmentation fulgurante des coûts de carburant et des pièces de machinerie, feux de forêt de 2023, blocus forestiers, baisses de possibilité forestière, effondrement des prix du bois d’œuvre, augmentation des droits compensateurs et antidumping du bois d’œuvre par le département américain du commerce, c’est la tempête parfaite pour fragiliser un secteur d’activité économique qui ne semble pas être une priorité, autant pour notre gouvernement provincial que fédéral. Les arbres ne produisent que de l’oxygène et contribuent à la lutte au réchauffement climatique en séquestrant le carbone de l’air dans leurs composantes. Qui a besoin de ça? Pardonnez-moi mon cynisme, mais je me demande ce qu’il faudra pour les faire réagir!

Des promesses
En 2018, alors qu’il était en campagne électorale, François Legault s’était engagé à revoir le régime forestier pour ramener de la prévisibilité aux entreprises et aux travailleurs, promesse qu’il a réitérée à titre de premier ministre en juillet 2020 et qui s’est traduite par quelques modifications administratives qui n’ont rien changé aux problèmes de fonds engendrés par la mise en œuvre du régime forestier faisant force de loi depuis avril 2013.

En 2023, alors que les feux de forêt faisaient rage un peu partout au Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) avait mis en place une coalition de partenaires du secteur forestier pour présenter aux gouvernements des demandes pour soutenir les travailleurs, les entrepreneurs et les entreprises et leur permettre de traverser cette crise sans précédent, parce qu’aucune aide ne leur était apportée. En septembre 2023, en conférence de presse, nous avions demandé au premier ministre Legault de tenir des états généraux de la forêt pour revoir le régime forestier et l’ensemble de nos façons de faire de la foresterie afin qu’elles soient mieux adaptées aux besoins actuels et futurs. Nous dénoncions alors le fait d’avoir navigué de crise en crise, dans la dernière décennie, avec des mesures qui ne servaient que de « Band-Aid » pour tenter d’arrêter une hémorragie. En effet, après la mise en œuvre du régime forestier en 2013, le coût de la fibre au Québec est devenu en peu de temps parmi les plus élevés dans le monde.

En marge de cette conférence de presse, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, s’était engagée à nous rencontrer et avait ensuite annoncé la mise en place d’une large démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt. Elle a tenu parole et a mené de larges consultations en hiver et au printemps 2024. Elle a ensuite sorti son rapport en début juillet 2024 en affirmant que la modernisation de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier est la meilleure avenue possible afin d’obtenir une gestion simplifiée, agile et adaptée aux régions, au bénéfice des générations actuelles et futures. Depuis cela, nous sommes sans nouvelles.

L’urgence d’agir
Patience, me direz-vous, la ministre vient de sortir son rapport. Je veux bien, mais cela fait six ans que nous attendons et rien n’a changé. La ministre a peut-être de bonnes intentions, mais pendant ce temps, les entreprises et les travailleurs continuent de subir les effets pervers engendrés par un régime forestier dysfonctionnel, inadapté aux réalités actuelles, œuvrant en silos et faisant exploser les coûts d’opération. Maintenant que le prix du bois d’œuvre est à son plus bas, plusieurs entreprises se retrouvent à l’agonie. Nous vivons les conséquences de l’inaction politique prolongée pour soutenir le secteur forestier. Des usines ferment pour une durée indéterminée, les travailleurs se retrouvent dans l’incertitude, des entreprises luttent pour leur survie sous la menace du décret du gouvernement fédéral pour protéger le caribou et pendant ce temps aucune action n’est prise pour améliorer l’environnement d’affaires.

Je rêve du jour où le premier ministre placera la forêt dans son discours, convaincu de l’importance du secteur forestier pour l’économie du Québec et de ses régions; où nos élus miseront sur l’utilisation accrue du bois pour lutter contre les changements climatiques et oseront investir massivement en sylviculture parce qu’ils savent que c’est une nécessité de remettre en production et d’entretenir la forêt pour la santé de la population! M. Legault, nous avons assez attendu. Nous avons besoin maintenant de mesures concrètes pour soutenir le secteur et d’une réforme du régime forestier inscrite au calendrier législatif de façon prioritaire.
 
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Novembre 2024

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