Le pionnier gaspésien de la production de plants
Créée par l’UPA de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, la opérative SARGIM de New Richmond fête ses 40 ans de production de plants forestiers.
Alexandre D’Astous
« Les papiers créant officiellement la coopérative ont été signés à l’automne 1982, mais la production a débuté au printemps 1983 avec notre premier ensemencement », précise le directeur général de SARGIM, Denis Bujold, qui travaille au sein de l’entreprise depuis 1988, d’abord comme responsable des cultures, puis comme directeur général.
« SARGIM a commencé lentement en 1983 avec des serres chauffées par le soleil et ventilées par le vent. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a constaté qu’il n’y avait pas de pépinière en Gaspésie et l’organisation a décidé d’en partir une. C’était le début du reboisement au Québec. En 1988, le reboisement s’est accéléré et la demande de plans a augmenté. C’est à ce moment que j’ai été embauché comme responsable des cultures. J’ai été responsable des cultures pendant 20 ans avant de devenir directeur général », raconte M. Bujold.
En 1988, il y a eu un bon plan de reboisement qui a été mis en place par le gouvernement du Québec. « Il y a 35 ou 36 pépinières qui ont émergées partout au Québec, dont une à Paspébiac, la Pépinière Baie-des-Chaleurs. Présentement, il ne reste que 12 pépinières privées au Québec et nous sommes la 4e plus importantes en termes de superficie en production », souligne M. Bujold.
Une coopérative de travailleurs
En 1998, la coopérative de travailleurs a été formée avec 14 membres fondateurs, tous des travailleurs de SARGIM. « L’UPA voulait se départir de sa filiale pépinière. On nous a offert d’acquérir l’entreprise et nous avons opté pour le modèle coopératif. Pendant cinq ans, nous avons eu 49 % des actifs et en 2003, nous avons acquis l’ensemble. Nous avons eu le vent dans les voiles par la suite. En 2006, nous avons acquis Pépinières Baie-des-Chaleurs à Paspébiac, qui commençait à voir certaines difficultés. C’était un gros morceau parce qu’ils étaient 1,5 fois plus gris que nous. Nous étions très fiers de cette acquisition. La Pépinière fait partie de SARGIM, mais c’est quand même une entreprise à part », indique M. Bujold.
Graduellement, plusieurs pépinières ont fermé au Québec et elles ont mis en vente leurs équipements. La Pépinière Baie-des-Chaleurs en a acheté trois fois et SARGIM une fois. « Nous sommes deux entreprises distinctes. SARGIM est une coopérative et la Pépinière est incorporée, mais tous les employés de la Pépinière font partie de la coop SARGIM. Il y a une parité des deux entités au sein des administrateurs de SARGIM ».
La Pépinière Baie-des-Chaleurs fête ses 35 ans
De son côté, la filiale Pépinière Baie-des-Chaleurs existe depuis 35 ans. « Ils ont commencé à produire en 1988. Nous les avons acquis en 2006 », mentionne Denis Bujold.
Marc-Olivier Labrecque est directeur de production à la Pépinière Baie-des-Chaleurs. « Nous produisons en moyenne autour de 3,4 millions de plants par année. Nous faisons majoritairement des plants de fortes dimensions (PFD) surtout dans l’épinette blanche avec 20 % d’épinette noire. Nous avons un seul client, soit le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, qui redistribue les plants sur les territoires publics et privés », explique-t-il.
Au plus fort de la saison cet été, la pépinière comptait sur 45 travailleurs. « Au début de l’année, nous avons deux grandes opérations : l’ensemencement et l’empotage. Ensuite, nous avons une opération unique à notre région, la mise en ballots. Nous mettons 80 pliants dans un sac que nous mettons ensuite dans une chambre froide. Ça nous permet d’avoir plus de flexibilité pour la livraison parce que les plants sont en dormance. Cette année, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, nous avons commencé à mécaniser nos opérations pour rendre la tâche plus facile à nos travailleurs », poursuit M. Labrecque.
65 travailleurs membres de SARGIM
Ce sont 65 travailleurs des deux entités qui sont membres de SARGIM. Chacun des sites a son directeur de production, soit Marc-Olivier Labrecque pour la pépinière et Pascale St-Laurent chez SARGIM. « Nous faisons aussi des choses en commun. On s’échange nos recettes de fertilisation. Nous sommes une grande famille », précise M. Bujold.
5 millions de plants par année
Les deux entités produisent cinq millions de plants par année sur les 6,5 millions qui sont plantés chaque année en Gaspésie. Tous les plants sont plantés en Gaspésie et sont vendus au MRNF. Environ 80% de la production est de l’épinette blanche et le reste de l’épinette noire.
« La Gaspésie est une forêt d’épinettes, surtout de l’épinette blanche. Nous produisons dans trois sortes de récipients. C’est le ministère qui fournit les semences et les récipients. Dans la région, les terrains sont très fertiles après une coupe. Il faut planter des arbres plus haut qu’au Lac-Saint-Jean. Nous produisons des plants avec des carottes de 310, 200 ou 110 centimètres cubes tandis qu’au Lac-Saint-Jean, ils plantent avec des carottes de 25 centimètres cubes. En Gaspésie, un an après la coupe, la végétation (framboisiers ou trembles) a déjà plus d’un pied de haut. Nous avons besoin que nos plants soient plus hauts pour qu’ils puissent sortir la tête des mauvaises herbes. On fait plus de gros plants que dans d’autres pépinières au Québec. Nous livrons nos plants dans la troisième année à une hauteur de 35 centimètres », explique Denis Bujold.
« Le reboisement est en progression à travers le Québec. Nous avons une capacité de nous installer pour produire six millions de plants par année », ajoute-t-il.
Les ressources humaines ont changé
Denis Bujold estime que le principal changement dans les opérations de l’entreprise depuis son arrivée en 1988 touche les ressources humaines. « En 1988, lorsque nous ouvrions un poste, nous avions 50 candidats. Ce sont les candidats qui se vantaient. Présentement, c’est moi qui dois vendre mon entreprise aux candidats pour tenter de les convaincre de venir travailler chez nous. La gestion des ressources humaines n’est pas évidente. C’est la clé d’une entreprise, surtout pour une coopérative. Présentement, c’est un défi ».
La technologie a aussi évolué
La technologie utilisée pour la production des plants forestiers a aussi évolué depuis 1988. « Il a fallu se démarquer. Lorsqu’il y avait 33 pépinières en opération, il y avait des plants en masse. Maintenant, à 12 pépinières, nous devons être plus performants. Nous utilisons de nouvelles formulations d’engrais. C’est rendu beaucoup plus pointu dans les cédules de fertilisation. Nous sommes comme une pouponnière. On gère des petits plants au compte-gouttes que ce soit pour l’eau ou la fertilisation ».
Le défi de la relève
La main-d’œuvre sera le principal défi des prochaines années chez SARGIM, particulièrement pour les plans de relève des dirigeants. « Il me reste trois saisons. Le plan de relève, il faut s’en occuper. Ça fait même deux ans que nous avons commencé. Il faudra trouver un nouveau directeur général. Nous avons aussi des départs à la retraite parmi les gens qui font pousser les plants. Il va falloir les remplacer. Ce sont des personnes clés qu’on ne pourra pas remplacer de façon mécanique parce que ça demande du jugement ou des bras. Il faut aller sur le terrain et regarder ce que les plants font. On travaille avec du vivant. Pour les ouvriers et les jardiniers, on peut mécaniser pour une partie des opérations. Nous avons d’ailleurs déjà commencé depuis six ans grâce à des programmes d’aide du gouvernement », indique M. Bujold.
Le défi est double puisqu’il fait attirer la main-d’œuvre, mais aussi la garder puisque les travailleurs ont le choix. À Paspébiac, la moyenne d’âge est de 53 ans. « À moyen terme, il va falloir remplacer ces gens-là. Ce sera un défi important. Un vieillissant, il y a des choses qui deviennent plus difficiles à faire, c’est pourquoi on doit mécaniser davantage », mentionne M. Labrecque.
Des problèmes de champignons
Parmi les autres défis, il y a celui des changements climatiques qui amènent des problèmes de champignons. « Les champignons que nous avions il y a une trentaine d’années et que nous avions réussi à éradiquer par des traitements sont en recrudescence présentement. D’autres pépinières ont aussi ce problème et ne sont pas les mêmes champignons que nous autres. Les changements climatiques sont en train de changer nos façons de faire. Il faut toujours rester à l’affût », affirme M. Bujold.
Alexandre D’Astous
« Les papiers créant officiellement la coopérative ont été signés à l’automne 1982, mais la production a débuté au printemps 1983 avec notre premier ensemencement », précise le directeur général de SARGIM, Denis Bujold, qui travaille au sein de l’entreprise depuis 1988, d’abord comme responsable des cultures, puis comme directeur général.
« SARGIM a commencé lentement en 1983 avec des serres chauffées par le soleil et ventilées par le vent. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a constaté qu’il n’y avait pas de pépinière en Gaspésie et l’organisation a décidé d’en partir une. C’était le début du reboisement au Québec. En 1988, le reboisement s’est accéléré et la demande de plans a augmenté. C’est à ce moment que j’ai été embauché comme responsable des cultures. J’ai été responsable des cultures pendant 20 ans avant de devenir directeur général », raconte M. Bujold.
En 1988, il y a eu un bon plan de reboisement qui a été mis en place par le gouvernement du Québec. « Il y a 35 ou 36 pépinières qui ont émergées partout au Québec, dont une à Paspébiac, la Pépinière Baie-des-Chaleurs. Présentement, il ne reste que 12 pépinières privées au Québec et nous sommes la 4e plus importantes en termes de superficie en production », souligne M. Bujold.
Une coopérative de travailleurs
En 1998, la coopérative de travailleurs a été formée avec 14 membres fondateurs, tous des travailleurs de SARGIM. « L’UPA voulait se départir de sa filiale pépinière. On nous a offert d’acquérir l’entreprise et nous avons opté pour le modèle coopératif. Pendant cinq ans, nous avons eu 49 % des actifs et en 2003, nous avons acquis l’ensemble. Nous avons eu le vent dans les voiles par la suite. En 2006, nous avons acquis Pépinières Baie-des-Chaleurs à Paspébiac, qui commençait à voir certaines difficultés. C’était un gros morceau parce qu’ils étaient 1,5 fois plus gris que nous. Nous étions très fiers de cette acquisition. La Pépinière fait partie de SARGIM, mais c’est quand même une entreprise à part », indique M. Bujold.
Graduellement, plusieurs pépinières ont fermé au Québec et elles ont mis en vente leurs équipements. La Pépinière Baie-des-Chaleurs en a acheté trois fois et SARGIM une fois. « Nous sommes deux entreprises distinctes. SARGIM est une coopérative et la Pépinière est incorporée, mais tous les employés de la Pépinière font partie de la coop SARGIM. Il y a une parité des deux entités au sein des administrateurs de SARGIM ».
La Pépinière Baie-des-Chaleurs fête ses 35 ans
De son côté, la filiale Pépinière Baie-des-Chaleurs existe depuis 35 ans. « Ils ont commencé à produire en 1988. Nous les avons acquis en 2006 », mentionne Denis Bujold.
Marc-Olivier Labrecque est directeur de production à la Pépinière Baie-des-Chaleurs. « Nous produisons en moyenne autour de 3,4 millions de plants par année. Nous faisons majoritairement des plants de fortes dimensions (PFD) surtout dans l’épinette blanche avec 20 % d’épinette noire. Nous avons un seul client, soit le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, qui redistribue les plants sur les territoires publics et privés », explique-t-il.
Au plus fort de la saison cet été, la pépinière comptait sur 45 travailleurs. « Au début de l’année, nous avons deux grandes opérations : l’ensemencement et l’empotage. Ensuite, nous avons une opération unique à notre région, la mise en ballots. Nous mettons 80 pliants dans un sac que nous mettons ensuite dans une chambre froide. Ça nous permet d’avoir plus de flexibilité pour la livraison parce que les plants sont en dormance. Cette année, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, nous avons commencé à mécaniser nos opérations pour rendre la tâche plus facile à nos travailleurs », poursuit M. Labrecque.
65 travailleurs membres de SARGIM
Ce sont 65 travailleurs des deux entités qui sont membres de SARGIM. Chacun des sites a son directeur de production, soit Marc-Olivier Labrecque pour la pépinière et Pascale St-Laurent chez SARGIM. « Nous faisons aussi des choses en commun. On s’échange nos recettes de fertilisation. Nous sommes une grande famille », précise M. Bujold.
5 millions de plants par année
Les deux entités produisent cinq millions de plants par année sur les 6,5 millions qui sont plantés chaque année en Gaspésie. Tous les plants sont plantés en Gaspésie et sont vendus au MRNF. Environ 80% de la production est de l’épinette blanche et le reste de l’épinette noire.
« La Gaspésie est une forêt d’épinettes, surtout de l’épinette blanche. Nous produisons dans trois sortes de récipients. C’est le ministère qui fournit les semences et les récipients. Dans la région, les terrains sont très fertiles après une coupe. Il faut planter des arbres plus haut qu’au Lac-Saint-Jean. Nous produisons des plants avec des carottes de 310, 200 ou 110 centimètres cubes tandis qu’au Lac-Saint-Jean, ils plantent avec des carottes de 25 centimètres cubes. En Gaspésie, un an après la coupe, la végétation (framboisiers ou trembles) a déjà plus d’un pied de haut. Nous avons besoin que nos plants soient plus hauts pour qu’ils puissent sortir la tête des mauvaises herbes. On fait plus de gros plants que dans d’autres pépinières au Québec. Nous livrons nos plants dans la troisième année à une hauteur de 35 centimètres », explique Denis Bujold.
« Le reboisement est en progression à travers le Québec. Nous avons une capacité de nous installer pour produire six millions de plants par année », ajoute-t-il.
Les ressources humaines ont changé
Denis Bujold estime que le principal changement dans les opérations de l’entreprise depuis son arrivée en 1988 touche les ressources humaines. « En 1988, lorsque nous ouvrions un poste, nous avions 50 candidats. Ce sont les candidats qui se vantaient. Présentement, c’est moi qui dois vendre mon entreprise aux candidats pour tenter de les convaincre de venir travailler chez nous. La gestion des ressources humaines n’est pas évidente. C’est la clé d’une entreprise, surtout pour une coopérative. Présentement, c’est un défi ».
La technologie a aussi évolué
La technologie utilisée pour la production des plants forestiers a aussi évolué depuis 1988. « Il a fallu se démarquer. Lorsqu’il y avait 33 pépinières en opération, il y avait des plants en masse. Maintenant, à 12 pépinières, nous devons être plus performants. Nous utilisons de nouvelles formulations d’engrais. C’est rendu beaucoup plus pointu dans les cédules de fertilisation. Nous sommes comme une pouponnière. On gère des petits plants au compte-gouttes que ce soit pour l’eau ou la fertilisation ».
Le défi de la relève
La main-d’œuvre sera le principal défi des prochaines années chez SARGIM, particulièrement pour les plans de relève des dirigeants. « Il me reste trois saisons. Le plan de relève, il faut s’en occuper. Ça fait même deux ans que nous avons commencé. Il faudra trouver un nouveau directeur général. Nous avons aussi des départs à la retraite parmi les gens qui font pousser les plants. Il va falloir les remplacer. Ce sont des personnes clés qu’on ne pourra pas remplacer de façon mécanique parce que ça demande du jugement ou des bras. Il faut aller sur le terrain et regarder ce que les plants font. On travaille avec du vivant. Pour les ouvriers et les jardiniers, on peut mécaniser pour une partie des opérations. Nous avons d’ailleurs déjà commencé depuis six ans grâce à des programmes d’aide du gouvernement », indique M. Bujold.
Le défi est double puisqu’il fait attirer la main-d’œuvre, mais aussi la garder puisque les travailleurs ont le choix. À Paspébiac, la moyenne d’âge est de 53 ans. « À moyen terme, il va falloir remplacer ces gens-là. Ce sera un défi important. Un vieillissant, il y a des choses qui deviennent plus difficiles à faire, c’est pourquoi on doit mécaniser davantage », mentionne M. Labrecque.
Des problèmes de champignons
Parmi les autres défis, il y a celui des changements climatiques qui amènent des problèmes de champignons. « Les champignons que nous avions il y a une trentaine d’années et que nous avions réussi à éradiquer par des traitements sont en recrudescence présentement. D’autres pépinières ont aussi ce problème et ne sont pas les mêmes champignons que nous autres. Les changements climatiques sont en train de changer nos façons de faire. Il faut toujours rester à l’affût », affirme M. Bujold.
Dernière édition