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Le GF Grand-Portage déroule le tapis rouge


Depuis cinq ans, le Groupement forestier Grand Portage se tourne vers l’accueil de travailleurs étrangers pour arriver à répondre aux besoins de ses propriétaires membres. Une solution qui demande beaucoup administrativement et financièrement parlant, mais qui apporte tout autant sur le plan humain.
Nathalie St-Pierre
Ce projet d’accueillir des travailleurs saisonniers mexicains a commencé au GF Kamouraska, avant la fusion qui a mené au GF Grand Portage. À cette époque, quatre travailleurs étrangers avaient passé l’été à travailler en forêt. JESUS ALBERTO BASILLO PRIMERO en faisait partie. « Je cherchais un travail à l’étranger. Je n’avais pas choisi de milieu en particulier. C’est une agence qui a fait le contact. Je suis arrivé à l’aéroport, on nous a montré quel autobus prendre et je suis arrivé à Rivière-du-Loup. J’étais nerveux, je ne comprenais pas la langue », se rappelle Jesus.
Depuis, il revient chaque année travailler au GF Grand Portage parce qu’il aime ce qu’il fait, il devient meilleur, travaille mieux et il aime comment il est traité.
CESAR DE JESUS REYEX quant à lui en est à sa première année. « Ç’a été plus facile pour moi parce que je connaissais Jesus donc j’ai eu une recommandation. Je n’ai pas eu besoin de passer par une agence. Et l’arrivée ici c’était plus facile aussi », raconte-t-il.
Tous deux ont été surpris de l’accueil reçu. « Le fait qu’on ne parle pas le français, on pensait qu’on serait mis de côté, mais non. Tout le monde essaie de nous aider. Les gens sont très sociables, gentils et aidants », souligne Jesus. Ils apprécient également les paysages et les températures agréables qui ne sont pas trop chaudes pour travailler. « Mais ils trouvent qu’on paye beaucoup trop d’impôts », lance en riant le directeur général du GF Grand Portage, DAVID CHOUINARD. « Ça les a beaucoup surpris quand ils ont eu leur première paye. »
Le travail sur le terrain
DOMINIK LIZOTTE est contremaître sur le terrain. Son équipe est composée uniquement de travailleurs étrangers. « Je ne parle pas espagnol, alors j’apprends sur le tas! Ils ont commencé par la plantation, ce qui est assez simple. Là, on est dans les travaux de coupe. C’est un peu plus compliqué parce que je dois leur expliquer la différence entre les espèces d’arbre pour qu’ils coupent ce qui est prévu. Il faut donc être plus présent au début pour s’assurer que le travail à faire est bien compris. Et j’ai deux anciens dont un qui parle un peu anglais dans l’équipe. Ils s’entraident beaucoup », raconte Dominik.
Ce que confirment Cesar et Jesus, qui travaillent dans une autre équipe. Les anciens prennent les nouveaux sous leurs ailes. Et l’utilisation de technologies comme Avenza Map permet aussi de communiquer efficacement le travail à effectuer.
Les plus et les moins
Le GF Grand Portage est parmi les précurseurs en ce qui concerne l’accueil de travailleurs étrangers en foresterie. De cinq travailleurs pendant les trois premières années, ils ont passé à sept puis à douze. « Nous voulions en accueillir 16, mais ça n’a pas été possible. Finalement, c’est une bonne chose. Accueillir 12 personnes, ça demande beaucoup de travail », souligne le directeur général.
Il y a d’abord le travail en amont, afin de préparer l’arrivée des travailleurs. « Il faut être très organisé, très structuré. Le processus est complexe et il ne faut rien rater », explique LAURENCE CHOUINARD, responsable administrative de l’accueil des travailleurs étrangers.
« C’est toute une aventure. Je ne la recommande pas à tous les groupements, souligne le directeur général, David Chouinard. C’est beaucoup de travail avant et pendant. L’idéal c’est d’avoir une ressource en RH qui peut gérer ce projet, comme Laurence. C’est un processus avec une lourdeur administrative. On le fait vraiment pour offrir des services à nos propriétaires. Sans la main-d’œuvre étrangère, on ne pourrait pas faire tous les travaux prévus aux plans d’aménagement. »
Et puis il y a l’accueil. « Nos travailleurs étrangers arrivent au début mai, une semaine avant de commencer le travail. On les aide pour l’obtention de leur numéro d’assurance social, pour l’ouverture d’un compte à la caisse, pour aller faire leur première épicerie. On doit aussi voir à les loger et les transporter », énumère Laurence.
Le GF Grand Portage a fait le choix d’acquérir des immeubles pour offrir des chambres avec espaces de vie communs à ses travailleurs étrangers. Il a également acheté des véhicules mis à la disposition de ces travailleurs. « Ça contribue beaucoup à leur autonomie et à leur intégration », souligne Laurence.
« Ça demande beaucoup d’encadrement, ajoute David. Pendant toute la saison, Dominik et Laurence sont comme “papa” et “maman” pour les travailleurs. C’est à eux qu’ils se réfèrent si quelque chose ne va pas, s’ils ont des questions. Ça veut dire que Dominik et Laurence peuvent être appelés ou textés n’importe quand. »
Malgré tous les efforts que cela demande, il y a humainement beaucoup à retirer de cette expérience. « C’est un privilège de partager ses connaissances et c’est valorisant d’aider », témoigne Dominik. « Ils sont très attachants et très reconnaissants. C’est vraiment agréable de travailler avec eux », ajoute Laurence.
Et s’il y avait un souhait que formulerait le GF Grand Portage pour les prochaines années? « Un processus plus rapide pour obtenir les permis de travail. J’ai déjà commencé pour 2024 », conclut Laurence lors de l’entrevue qui s’est déroulée en août.
 
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Novembre 2024

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