La solidarité quoi qu'il en coûte. Cette règle permet aux fourmis d'accomplir des exploits. Ces insectes misent essentiellement sur la coopération pour survivre, maîtriser leur environnement, se soigner ou se battre.  Pourrons-nous un jour nous vanter d’en faire autant? En cette période de crise liée à la pandémie de COVID-19, pourrions-nous faire mieux en coopérant davantage?

<strong>Le leadership</strong>

La pandémie est empreinte d’incertitude, d’instabilité et d’inquiétude. Au début de la pandémie, l’incertitude était à son paroxysme. Le nombre de personnes contaminées montait en flèche et nous n’avions aucune idée de quand nous réussirions à freiner cette montée fulgurante de cas confirmés. Le gouvernement a fermé les écoles, puis les entreprises non-essentielles. Il a demandé à la population de demeurer le plus possible à la maison en famille et de couper les contacts directs avec toute personne externe. La grande majorité de la population a alors obéi aux règles en place, par peur, par conscience sociale ou un mélange des deux, puis le nombre de cas confirmés s’est enfin mis à redescendre.

Maintenant que la vie commence à reprendre un peu son cours normal avec la réouverture de plusieurs entreprises, des écoles et même de certains attraits récréatifs ou touristiques, un sentiment de certaine sécurité s’est installé. Les gens respectent de moins en moins les règles en vigueur. Certaines personnes sont tombées dans le déni, d’autres sont venues à la conclusion que ce virus n’est pas tellement grave et que de toute évidence elles passeraient au travers dans l’éventualité où elles seraient infectées, alors à quoi bon respecter toutes ces règles contraignantes. Pour les entreprises le défi est de taille, comment composer avec des personnes qui ont peur, d’autres qui nient le problème et d’autres qui ne se sentent pas concernées?

La réponse réside dans le leadership. Un leader est un phare qui éclaire la voie à suivre et qui guide dans l’obscurité. L’efficacité du leadership passe par la cohérence dans la communication : dans le message livré et par l’exemple. Les coopératives forestières se sont dotées en début de saison d’un plan de lutte reposant sur des décisions pesées, réfléchies et basées sur la science. Plus que jamais, en cette période de relâchement collectif, le leader doit continuer à faire appliquer son plan, informer ses troupes pour contrer toute la désinformation circulant sur les réseaux sociaux, expliquer clairement et en toute transparence l’état de la situation sans complaisance, répéter son message et prêcher par l’exemple, car pour être convainquant, le leader doit d’abord être convaincu.

<strong>Les valeurs coopératives à la rescousse</strong>

Malgré tous les efforts du leader, certains employés récalcitrants peuvent continuer à poser problème. Un rappel des valeurs coopératives de l’entreprise peut alors aider. Effectivement, dans une coopérative, les valeurs de responsabilité sociale, d’altruisme et de solidarité sont mises de l’avant. La personne qui ne voit pas l’importance de porter son masque et ses lunettes de protection pour sa propre sécurité doit être amenée à voir l’importance de le faire pour protéger ses collègues plus âgés, plus malades ou plus vulnérables économiquement. Le leader doit lui faire prendre conscience des conséquences possibles, pour l’ensemble de la coopérative, de son refus de se plier aux exigences : fermeture du chantier, fermeture du bureau, contagion de personnes vulnérables (collègues ou leurs proches), etc. Or, advenant un refus d’obtempérer, des décisions difficiles et parfois impopulaires doivent être prises pour protéger la collectivité. Diriger dans cette période de turbulence, c’est oser trancher et avoir le courage de remettre en question ses façons de faire.

<strong>L’enseignement du COVID</strong>

L’être humain tout comme la fourmi a survécu en développant une puissance collective qui lui a permis de passer au travers maintes difficultés. La crise économique et sociale dans laquelle nous plonge la COVID nous démontre que nous sommes tous interreliés et interdépendants. Elle nous confronte à notre capacité à faire ressortir cette force coopérative pour nous protéger et répondre à nos besoins. J’espère que nous retiendrons la leçon que coopérer c’est la clef.