L'industrie forestière vit une époque de grands bouleversements et il est essentiel que nous soyons prêts à y faire face avec détermination et vision. Nos boisés privés, tout comme l'ensemble du secteur forestier, sont confrontés à des enjeux majeurs : les changements climatiques, les pressions économiques et, bien sûr, les politiques commerciales américaines qui pourraient impacter directement nos marchés. Mais au lieu de céder à l'incertitude, saisissons cette occasion pour bâtir un avenir plus solide et durable.

L'avenir du marché de la construction résidentielle aux États-Unis est incertain. Si la demande reste soutenue, les consommateurs américains pourraient absorber les coûts supplémentaires liés aux taxes et aux mesures protectionnistes. Cependant, un ralentissement demeure une menace bien réelle pour nos exportations. Face à cette instabilité, nous devons nous préparer en diversifiant nos stratégies, en consolidant nos liens à l'intérieur du Québec et en investissant dans une foresterie plus moderne et innovante.

Le gouvernement du Québec n'est pas resté inactif. Des mesures ont été annoncées pour soutenir les entreprises affectées, avec des investissements dans le développement des infrastructures et l'automatisation des procédés industriels. Lors du prochain discours sur le budget, d'autres initiatives sont attendues pour pallier le ralentissement des investissements privés et stabiliser l'emploi. Toutefois, ces efforts ne suffiront pas à résoudre tous les problèmes structurels de notre industrie.

Foresterie augmentée
Nous devons donc prendre les devants et renforcer nos collaborations entre producteurs et transformateurs. Plusieurs options peuvent être explorées : transformation locale plus intégrée, qui crée de la valeur pour nos communautés et optimise l'utilisation de nos ressources; modernisation des pratiques sylvicoles; adoption des technologies, etc. La foresterie augmentée, qui combine numérisation et gestion intelligente des ressources, est une opportunité que les groupements saisissent actuellement, mais nous devons créer des conditions permettant d’accentuer nos efforts et le faire avec d’autres intervenants de la chaine de valeur en forêt privée.

Dans un tel contexte, on pourrait être tenté de ralentir les initiatives de récolte de bois et de se tourner davantage vers des activités d'aménagement forestier qui génèrent moins de bois. Toutefois, ce n'est pas l'orientation que nous souhaitons prendre. Il est essentiel de maintenir et de renforcer nos liens d'affaires avec l'ensemble de la filière, notamment les transporteurs et autres partenaires clés de notre écosystème forestier. Une déstructuration de ces relations aurait des conséquences lourdes sur la pérennité de notre industrie et sur l'emploi dans nos régions.

Les groupements forestiers ont un rôle crucial à jouer dans cette période de turbulence. Ils doivent faciliter la coopération, le partage des connaissances et la représentation de nos intérêts auprès des décideurs. Chaque action doit renforcer la résilience de notre secteur. Plus nous serons unis, plus nous serons en mesure d'innover et de transformer nos défis en opportunités durables.

Aujourd’hui, l’heure est à l’action et à la mobilisation. Plutôt que de freiner nos activités en réaction aux décisions de Trump, nous devons comprendre que son objectif est justement de semer l’incertitude économique pour nous ralentir. Au contraire, transformons cette crise en une opportunité : améliorons notre filière, renforçons la présence des boisés privés dans l’économie locale et bâtissons un avenir plus stable pour notre secteur. Le changement ne viendra pas uniquement des politiques gouvernementales, mais bien de nous, de notre volonté d’adopter des approches novatrices et de travailler ensemble pour assurer la prospérité de notre industrie.