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Développement durable : du concept à la réalité

Apparu pour la première fois en 1987, dans le rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement de l’organisation des Nations Unies, le concept de développement durable se définit comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». À première vue, c’est assez facile à comprendre. Quand vient le temps cependant de le mettre en application, les choses se complexifient. Et plus on y réfléchit, plus on arrive à se demander s’il est réellement possible d’y parvenir ou bien si ce n’est qu’une utopie.

Personnellement, je crois que c’est possible et que de toute manière, on n’a pas le choix d’y parvenir. Pour rectifier le développement débridé des années passées ayant entraîné toutes sortes de problématiques comme la pollution de l’eau, de l’air et des sols, le réchauffement climatique, la propagation de virus d’animaux d’élevage à l’humain (ex. : grippe aviaire), il est effectivement impératif qu’on y parvienne, mais le défi est très grand. Il repose sur le principe que les personnes peuvent passer outre les avantages individuels que pourrait leur procurer un certain développement pour tenir compte des impacts éventuels sur l’ensemble des populations actuelles et futures. Il suppose aussi qu’on parvienne à s’entendre sur le besoin.

En effet, qu’est-ce qu’un besoin? Par exemple, est-ce un besoin d’avoir de l’eau pour remplir une piscine ou arroser une pelouse? Plusieurs Québécois vivant dans l’abondance de cette ressource vous diraient que oui, tandis qu’il est fort à parier qu’un Éthiopien vous dirait que non. L’environnement direct dans lequel l’individu évolue, sa culture et les ressources à sa disposition influenceront donc la réponse. Pour nous faciliter la tâche dans l’application concrète du développement durable, il a été convenu d’ajouter à la définition que le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. L’objectif est donc de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois aspects.

Prenons maintenant un exemple près de notre secteur d’activité. Prenons l’exemple de la gestion du caribou forestier. Tout le monde s’entend sur l’importance de la conservation de la biodiversité. Le caribou forestier n’y fait pas exception. Nous pouvons donc dire qu’il y a consensus sur ce besoin.  Maintenant le bois, qui peux dire qu’il n’a pas besoin de bois dans son quotidien? Je dirais, personne. Et c’est bien, car le bois est un matériau vert appelé à être de plus en plus utilisé comme substitut à d’autres matériaux avec une empreinte carbone importante. On limite ainsi la quantité de gaz à effet de serre produits. Donc, le bois est un besoin, appelé à devenir de plus en plus important dans le futur. Le gouvernement du Québec l’a d’ailleurs bien compris et cela s’est traduit par l’annonce de sa Stratégie nationale de production de bois. Maintenant, comment concilier ces deux besoins?

Cet exemple est simpliste, car il met en opposition uniquement deux besoins, mais la situation est beaucoup plus complexe. Il faut tenir compte des Premières Nations qui évoluent sur le même territoire, des municipalités et des communautés fortement dépendantes du secteur forestier, des travailleurs et des villégiateurs. Il faut tenir compte de toutes ces dimensions pour se vanter de réellement faire du développement durable. Il faut prendre conscience de notre responsabilité globale face aux multiples interactions entre celles-ci.

Le Groupe Boisaco, reconnu comme un des poumons économiques de son milieu, sera touché de plein fouet par le plan de restauration de l’habitat du caribou du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Afin de mesurer l’impact des décisions gouvernementales sur les plans économique, culturel et social ainsi que d’améliorer les connaissances notamment sur les comportements du caribou forestier et de la faune prédatrice ainsi que sur les facteurs exogènes comme le climat, Boisaco propose de mettre en place un comité de vigilance, lequel serait formé de représentants du Ministère, des élus du territoire de la Haute Côte-Nord, des Premières Nations Essipit et Pessamit, de Boisaco ainsi que de chercheurs et spécialistes indépendants. En concertation avec l’ensemble de ces intervenants, un projet laboratoire collaboratif et évolutif serait mis en œuvre sur l’ensemble de la zone d’habitat en restauration (ZHR) Pipmuacan. Espérons que cette proposition trouve écho auprès des autorités concernées.
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Novembre 2024

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