Des changements à l’horizon au CIFQ
Un agent de changement, c’est ainsi que se définit le nouveau président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), Jean-François Samray. Virage vers les nouveaux produits de transformation, refonte du régime forestier, pleine reconnaissance du rôle de la foresterie dans la lutte contre les changements climatiques ne sont que quelques-uns des changements auxquels il entend s’attaquer.
Dany Rousseau
Le nouveau PDG est entré en poste le 10 août dernier et déjà on le sent en contrôle de ses dossiers. Il faut dire que son parcours professionnel l’a bien préparé à ce nouveau défi. Celui qui a complété des études supérieures en gestion et en science politique détient, notamment, un diplôme Executive Master in Business Administration (EMBA) de la Norwegian Business School. Avant de se joindre au CIFQ, il a occupé pendant près de 11 ans le poste de PDG de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).
Dans le cadre de ce dernier emploi, il a régulièrement côtoyé les gens de l’industrie forestière dans des dossiers comme ceux de la filière de cogénération et de la table d’approvisionnement en matières ligneuses.
«C’est Denis Lebel lui-même qui m’a dit que je serais la bonne personne pour le remplacer quand il allait partir. Pour moi, cela représente en effet une belle continuité dans mon cheminement. Mon but est de contribuer à transformer l’industrie et à l’amener vers les solutions d’avenir».
Vers la valeur ajoutée
M. Samray identifie déjà cinq dossiers prioritaires. Parmi ceux-ci, on retrouve la transformation de l’industrie de manière à favoriser la création de nouveaux produits à valeur ajoutée. Pour y arriver, il entend, notamment, s’inspirer de l’expérience scandinave qu’il connaît bien, notamment, de par son EMBA en Norvège. «Actuellement, en Finlande, on sort trois fois plus de valeur ajoutée d’un même mètre cube de bois. Juste là, je crois qu’il y a une réflexion à y avoir pour notre industrie».
Il évoque, entre autres, le secteur des pâtes et papiers aux prises avec une baisse de la demande pour le papier journal, mais qui pourrait se tourner vers de nouveaux débouchés du côté des emballages. Alors que la population semble vouloir délaisser le plastique en contexte crise sanitaire, l’industrie forestière est en mesure d’offrir des produits d’emballage traités pour prévenir la propagation des bactéries. Le nouveau PDG cite, notamment, les serres Demers qui ont déjà fait ce choix pour la vente de leurs fruits et légumes.
Capture du carbone
S’il est un dossier qui apparait particulière incontournable aux yeux de l’ancien PDG de l’AQPER, c’est celui d’obtenir la pleine reconnaissance du rôle de la foresterie dans la lutte aux changements climatiques.
Or, un défi se pose. Si l’on entend régulièrement des politiciens et des écologistes parler de la nécessité de planter davantage d’arbres, il en va tout autrement quand vient le temps d’en couper.
«C’est la forêt qui pousse qui capte le carbone, pas celle qui se meurt, ou qui affectée par la tordeuse. De même, si on veut des constructions qui emprisonnent le carbone, c’est le bois qu’il faut utiliser comme matériau. J’en conviens, il y a tout un dialogue à entreprendre avec la population pour qu’elle adhère à notre vision».
M. Samray est aussi d’avis qu’il faut expliquer aux gens à quel point les pratiques forestières ont évolué. «La foresterie n’est plus ce qu’elle était à l’époque du film de Richard Desjardins. Aujourd’hui, on compte au Québec 13 % de la forêt certifiée mondiale. La forêt doit être un objet de fierté! De plus, s’il n’y a pas de forêt, il n’y a pas de piano, pas de guitare, pas de théâtre et pas de meubles».
Avec sa réputation de grande productivité et sa proximité des usines, la forêt privée devra faire partie de l’équation. «On ne peut pas vouloir le bois parfait et dire que c’est la forêt qui pousse qui fixe le carbone et ne pas faire l’intensification des pratiques forestières. Il y aura certainement des discussions à venir pour maintenir et développer les partenariats en ce sens.
Conflit sur le bois d’oeuvre
Au moment d’écrire ces lignes, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), venant de rendre une décision favorable au Canada et concluait que l’imposition de tarifs sur les importations canadiennes ne repose sur aucune base.
Pour le nouveau PDG, ce jugement est un grand pas en avant surtout que l’OMC souligne à plusieurs reprises l’instauration au Québec d’un système d’enchères qui répond en tous points aux demandes américaines. La décision de l’OMC ne signifie pas la fin du conflit sur le bois d’œuvre, mais il y a tout lieu d’espérer qu’elle mettra de la pression sur les États-Unis en vue d’en arriver à un règlement.
«Actuellement, il y a 800 M$ qui dorment à la frontière en droits payés par les entreprises d’ici. Ce sont donc 800 M$ qui ne vont pas en investissements et dont on aurait bien besoin pour améliorer la productivité et développer de nouveaux produits».
Refonte du régime forestier
M. Samray souhaite aussi une refonte du régime forestier. Cela tombe bien puisque le premier ministre du Québec, François Legault, s’est engagé, en juillet dernier, à déposer une nouvelle mouture dès le mois d’octobre prochain.
Parmi les principaux changements à apporter, la refonte devrait introduire une meilleure présivibilité. «De savoir cinq ans à l’avance où seront les zones de récolte, cela nous aiderait grandement. Tout coûte plus cher quand tu es pris à tout faire rapidement. Cela faciliterait aussi la cohabitation avec les autres usagers comme les campeurs ou les clubs de motoneige. On souhaite toujours avoir de bonnes discussions avec eux, mais c’est difficile de le faire quand on est toujours pris par le temps».
Main d’oeuvre
Avec 15 000 emplois à combler actuellement dans le secteur forestier, on comprend M. Samray de cibler la main-d’œuvre parmi les nouveaux défis à relever. Pour y arriver, il estime qu’il faut valoriser les métiers de la forêt et cite à nouveau en exemple l’expérience scandinave.
Il était en Finlande, à l’été 2019, où il a rencontré un jeune au début de la vingtaine qui opérait une machine Ponse. Celui-ci lui a dit être un «gamer» et se passionner pour son boulot qui lui permet de travailler dans une cabine entouré des dernières technologies.
«Au Québec aussi on a besoin de gens habiles dans les nouvelles technologies. Plus ça va aller, plus les machines de récolte vont ressembler à ça. C’est cette image qu’il faut présenter quand on parle des métiers de la forêt. On a aussi besoin d’une multitude d’autres talents en mécanique, en électricité, en recherche et développement et en gestion!»
Dany Rousseau
Le nouveau PDG est entré en poste le 10 août dernier et déjà on le sent en contrôle de ses dossiers. Il faut dire que son parcours professionnel l’a bien préparé à ce nouveau défi. Celui qui a complété des études supérieures en gestion et en science politique détient, notamment, un diplôme Executive Master in Business Administration (EMBA) de la Norwegian Business School. Avant de se joindre au CIFQ, il a occupé pendant près de 11 ans le poste de PDG de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).
Dans le cadre de ce dernier emploi, il a régulièrement côtoyé les gens de l’industrie forestière dans des dossiers comme ceux de la filière de cogénération et de la table d’approvisionnement en matières ligneuses.
«C’est Denis Lebel lui-même qui m’a dit que je serais la bonne personne pour le remplacer quand il allait partir. Pour moi, cela représente en effet une belle continuité dans mon cheminement. Mon but est de contribuer à transformer l’industrie et à l’amener vers les solutions d’avenir».
Vers la valeur ajoutée
M. Samray identifie déjà cinq dossiers prioritaires. Parmi ceux-ci, on retrouve la transformation de l’industrie de manière à favoriser la création de nouveaux produits à valeur ajoutée. Pour y arriver, il entend, notamment, s’inspirer de l’expérience scandinave qu’il connaît bien, notamment, de par son EMBA en Norvège. «Actuellement, en Finlande, on sort trois fois plus de valeur ajoutée d’un même mètre cube de bois. Juste là, je crois qu’il y a une réflexion à y avoir pour notre industrie».
Il évoque, entre autres, le secteur des pâtes et papiers aux prises avec une baisse de la demande pour le papier journal, mais qui pourrait se tourner vers de nouveaux débouchés du côté des emballages. Alors que la population semble vouloir délaisser le plastique en contexte crise sanitaire, l’industrie forestière est en mesure d’offrir des produits d’emballage traités pour prévenir la propagation des bactéries. Le nouveau PDG cite, notamment, les serres Demers qui ont déjà fait ce choix pour la vente de leurs fruits et légumes.
Capture du carbone
S’il est un dossier qui apparait particulière incontournable aux yeux de l’ancien PDG de l’AQPER, c’est celui d’obtenir la pleine reconnaissance du rôle de la foresterie dans la lutte aux changements climatiques.
Or, un défi se pose. Si l’on entend régulièrement des politiciens et des écologistes parler de la nécessité de planter davantage d’arbres, il en va tout autrement quand vient le temps d’en couper.
«C’est la forêt qui pousse qui capte le carbone, pas celle qui se meurt, ou qui affectée par la tordeuse. De même, si on veut des constructions qui emprisonnent le carbone, c’est le bois qu’il faut utiliser comme matériau. J’en conviens, il y a tout un dialogue à entreprendre avec la population pour qu’elle adhère à notre vision».
M. Samray est aussi d’avis qu’il faut expliquer aux gens à quel point les pratiques forestières ont évolué. «La foresterie n’est plus ce qu’elle était à l’époque du film de Richard Desjardins. Aujourd’hui, on compte au Québec 13 % de la forêt certifiée mondiale. La forêt doit être un objet de fierté! De plus, s’il n’y a pas de forêt, il n’y a pas de piano, pas de guitare, pas de théâtre et pas de meubles».
Avec sa réputation de grande productivité et sa proximité des usines, la forêt privée devra faire partie de l’équation. «On ne peut pas vouloir le bois parfait et dire que c’est la forêt qui pousse qui fixe le carbone et ne pas faire l’intensification des pratiques forestières. Il y aura certainement des discussions à venir pour maintenir et développer les partenariats en ce sens.
Conflit sur le bois d’oeuvre
Au moment d’écrire ces lignes, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), venant de rendre une décision favorable au Canada et concluait que l’imposition de tarifs sur les importations canadiennes ne repose sur aucune base.
Pour le nouveau PDG, ce jugement est un grand pas en avant surtout que l’OMC souligne à plusieurs reprises l’instauration au Québec d’un système d’enchères qui répond en tous points aux demandes américaines. La décision de l’OMC ne signifie pas la fin du conflit sur le bois d’œuvre, mais il y a tout lieu d’espérer qu’elle mettra de la pression sur les États-Unis en vue d’en arriver à un règlement.
«Actuellement, il y a 800 M$ qui dorment à la frontière en droits payés par les entreprises d’ici. Ce sont donc 800 M$ qui ne vont pas en investissements et dont on aurait bien besoin pour améliorer la productivité et développer de nouveaux produits».
Refonte du régime forestier
M. Samray souhaite aussi une refonte du régime forestier. Cela tombe bien puisque le premier ministre du Québec, François Legault, s’est engagé, en juillet dernier, à déposer une nouvelle mouture dès le mois d’octobre prochain.
Parmi les principaux changements à apporter, la refonte devrait introduire une meilleure présivibilité. «De savoir cinq ans à l’avance où seront les zones de récolte, cela nous aiderait grandement. Tout coûte plus cher quand tu es pris à tout faire rapidement. Cela faciliterait aussi la cohabitation avec les autres usagers comme les campeurs ou les clubs de motoneige. On souhaite toujours avoir de bonnes discussions avec eux, mais c’est difficile de le faire quand on est toujours pris par le temps».
Main d’oeuvre
Avec 15 000 emplois à combler actuellement dans le secteur forestier, on comprend M. Samray de cibler la main-d’œuvre parmi les nouveaux défis à relever. Pour y arriver, il estime qu’il faut valoriser les métiers de la forêt et cite à nouveau en exemple l’expérience scandinave.
Il était en Finlande, à l’été 2019, où il a rencontré un jeune au début de la vingtaine qui opérait une machine Ponse. Celui-ci lui a dit être un «gamer» et se passionner pour son boulot qui lui permet de travailler dans une cabine entouré des dernières technologies.
«Au Québec aussi on a besoin de gens habiles dans les nouvelles technologies. Plus ça va aller, plus les machines de récolte vont ressembler à ça. C’est cette image qu’il faut présenter quand on parle des métiers de la forêt. On a aussi besoin d’une multitude d’autres talents en mécanique, en électricité, en recherche et développement et en gestion!»
Dernière édition