Briser les barrières du leadership féminin
J’ai hésité un moment à traiter de ce sujet dans ces pages. En effet, on ne parle pas souvent de « féminin » dans ce journal. Ce n’est pas un reproche. Le secteur forestier est encore composé à plus de 80 % d’hommes. Ça se comprend. Mais j’aimerais tout de même vous partager mon expérience d’une mission d’appui effectuée pour la SOCODEVI en leadership féminin au Sénégal l’été dernier.
Le projet
Le projet s’appelait Femmes et Agriculture Résilientes (FAR). Il avait pour but de renforcer les compétences des femmes en agriculture intelligente face au climat ainsi qu’en entrepreneuriat, et d’en arriver à une prise en compte de l'égalité entre les sexes dans les organisations associatives appuyées par le projet. Des activités de leadership féminin étaient donc intégrées au programme afin de mieux outiller les femmes et les jeunes des organisations bénéficiaires du projet à se présenter et à accéder aux instances de prise de décisions.
Au cours des activités de formation en agriculture, les femmes qui avaient démontré un certain leadership ont été sélectionnées pour intégrer le programme comme leaders émergentes. Parallèlement, des leaders établis, composés de femmes et d’hommes élus, de responsables d’organisation, de leaders religieux et coutumiers ont été sélectionnés et formés pour coacher les leaders émergentes.
J’ai été invitée à joindre le projet pour une dizaine de jours afin de partager mon expérience de femme leader établie évoluant dans un monde d’hommes. Même si ma réalité de femme leader œuvrant au Québec était bien différente de ces femmes du Sénégal, nous avions toutes des éléments en commun. En effet, nous avons toutes été des filles de nos parents, des épouses ou des conjointes, et des mères. Ces réalités traversent les barrières culturelles et aident à se comprendre et à s’identifier. Toutefois, pour avoir un réel impact dans les ateliers, j’ai dû partager des choses très personnelles avec ces femmes sur ma vie familiale, les relations de pouvoir avec mon conjoint, les défis que j’ai traversés et ce qui m’a aidé à atteindre mes objectifs. J’y ai rencontré des femmes extraordinaires, fortes et résilientes. J’ai appris d’elles et elles ont appris de moi.
Les barrières
Dans toute société, les résistances aux changements sont fortes. Le Sénégal ne fait pas exception. Le système patriarcal fortement ancré dans les coutumes sénégalaises, l’éducation reçue par les femmes qui les formate à suivre leur mari sans avoir d’opinion, l’analphabétisme de plusieurs ne sont là que quelques exemples de barrières que ces femmes devaient franchir pour espérer prendre leur place dans les instances décisionnelles. Leur chemin était donc davantage parsemé d’embûches que celui que j’ai emprunté.
Par chance, les principales associations appuyées par le projet avaient accepté de se transformer en coopérative. Puisque les coopératives se fondent sur des valeurs d’entraide, de responsabilité, de démocratie, d'égalité, d'équité et de solidarité, le contexte se prêtait davantage à l’intégration des femmes dans la gouvernance.
La gouvernance : difficile pour les coopératives d’ici et d’ailleurs
La formule coopérative est un formidable véhicule d’équité, d’inclusion et de démocratie. Cependant, pour fonctionner, la formule doit être bien maîtrisée et appliquée, ce qui n’est pas simple. L’éducation à la coopération effectuée en amont de tout projet devient donc la clef du succès. Par exemple, on pourrait être tenté de penser qu’une coopérative qui a sur son conseil d’administration 10 femmes et 5 hommes aurait atteint l’objectif d’équité du projet. Toutefois, si le conseil d’administration ne se réunit que très rarement et que dans les faits la coopérative est entièrement gérée par un président qui délègue certaines responsabilités au directeur général, nous passons à côté de l’objectif de participation des femmes aux prises de décision.
La saine gouvernance sera probablement toujours le talon d’Achille de toutes les coopératives dans le monde. Il en va de même pour les coopératives forestières du Québec. Les problèmes de gouvernance ont été la cause première de la fermeture définitive de 92 % des coopératives dissoutes de notre réseau dans les dix dernières années. En saisissez-vous toute l’importance?
Enfin, j’ai eu la chance de rencontrer des femmes leaders aux parcours extraordinaires. En aidant ces femmes, le projet a contribué au développement de toutes les communautés dont elles font partie. Cette expérience m’a toutefois rappelé toute l’importance que revêt la gouvernance dans tout succès des coopératives. « Ay nuyoo » mesdames.
Le projet
Le projet s’appelait Femmes et Agriculture Résilientes (FAR). Il avait pour but de renforcer les compétences des femmes en agriculture intelligente face au climat ainsi qu’en entrepreneuriat, et d’en arriver à une prise en compte de l'égalité entre les sexes dans les organisations associatives appuyées par le projet. Des activités de leadership féminin étaient donc intégrées au programme afin de mieux outiller les femmes et les jeunes des organisations bénéficiaires du projet à se présenter et à accéder aux instances de prise de décisions.
Au cours des activités de formation en agriculture, les femmes qui avaient démontré un certain leadership ont été sélectionnées pour intégrer le programme comme leaders émergentes. Parallèlement, des leaders établis, composés de femmes et d’hommes élus, de responsables d’organisation, de leaders religieux et coutumiers ont été sélectionnés et formés pour coacher les leaders émergentes.
J’ai été invitée à joindre le projet pour une dizaine de jours afin de partager mon expérience de femme leader établie évoluant dans un monde d’hommes. Même si ma réalité de femme leader œuvrant au Québec était bien différente de ces femmes du Sénégal, nous avions toutes des éléments en commun. En effet, nous avons toutes été des filles de nos parents, des épouses ou des conjointes, et des mères. Ces réalités traversent les barrières culturelles et aident à se comprendre et à s’identifier. Toutefois, pour avoir un réel impact dans les ateliers, j’ai dû partager des choses très personnelles avec ces femmes sur ma vie familiale, les relations de pouvoir avec mon conjoint, les défis que j’ai traversés et ce qui m’a aidé à atteindre mes objectifs. J’y ai rencontré des femmes extraordinaires, fortes et résilientes. J’ai appris d’elles et elles ont appris de moi.
Les barrières
Dans toute société, les résistances aux changements sont fortes. Le Sénégal ne fait pas exception. Le système patriarcal fortement ancré dans les coutumes sénégalaises, l’éducation reçue par les femmes qui les formate à suivre leur mari sans avoir d’opinion, l’analphabétisme de plusieurs ne sont là que quelques exemples de barrières que ces femmes devaient franchir pour espérer prendre leur place dans les instances décisionnelles. Leur chemin était donc davantage parsemé d’embûches que celui que j’ai emprunté.
Par chance, les principales associations appuyées par le projet avaient accepté de se transformer en coopérative. Puisque les coopératives se fondent sur des valeurs d’entraide, de responsabilité, de démocratie, d'égalité, d'équité et de solidarité, le contexte se prêtait davantage à l’intégration des femmes dans la gouvernance.
La gouvernance : difficile pour les coopératives d’ici et d’ailleurs
La formule coopérative est un formidable véhicule d’équité, d’inclusion et de démocratie. Cependant, pour fonctionner, la formule doit être bien maîtrisée et appliquée, ce qui n’est pas simple. L’éducation à la coopération effectuée en amont de tout projet devient donc la clef du succès. Par exemple, on pourrait être tenté de penser qu’une coopérative qui a sur son conseil d’administration 10 femmes et 5 hommes aurait atteint l’objectif d’équité du projet. Toutefois, si le conseil d’administration ne se réunit que très rarement et que dans les faits la coopérative est entièrement gérée par un président qui délègue certaines responsabilités au directeur général, nous passons à côté de l’objectif de participation des femmes aux prises de décision.
La saine gouvernance sera probablement toujours le talon d’Achille de toutes les coopératives dans le monde. Il en va de même pour les coopératives forestières du Québec. Les problèmes de gouvernance ont été la cause première de la fermeture définitive de 92 % des coopératives dissoutes de notre réseau dans les dix dernières années. En saisissez-vous toute l’importance?
Enfin, j’ai eu la chance de rencontrer des femmes leaders aux parcours extraordinaires. En aidant ces femmes, le projet a contribué au développement de toutes les communautés dont elles font partie. Cette expérience m’a toutefois rappelé toute l’importance que revêt la gouvernance dans tout succès des coopératives. « Ay nuyoo » mesdames.
Dernière édition