Bilan d’une saison chaotique empreinte d’incertitude
La saison sylvicole tire à sa fin à la Coopérative forestière Girardville. Les derniers coups de plantoirs ont été donnés et nous en sommes sur les derniers miles en préparation de terrain. Bien que ma coopérative n’en réalise pas, je sais que les travaux d’éducation de peuplement tirent aussi à leur fin. Côté récolte et transport, cela n’a pas été simple et nous continuons à devoir composer avec de grandes contraintes. Mes pensées vont au bilan de cette saison chaotique que nous avons eue et sont aussi tournées vers l’incertitude qui plane au-dessus de nos têtes. Laissez-moi donc vous en résumer l’essentiel.
Saison sylvicole tardive
J’espère sincèrement que votre saison sylvicole a été plus simple que la mienne. Tout d’abord, les feux de forêt nous ont empêchés de commencer la saison sylvicole à la date habituelle. Selon la région d’opération de l’entreprise, la saison a été retardée d’une à quatre semaines. À Girardville, nous avons perdu quatre semaines. De plus, lorsque nous avons eu l’autorisation pour commencer à opérer, on nous imposait des contraintes comme de ne pas utiliser de machines ni de VTT. Le reboisement a donc pu commencer plus tôt que les autres travaux de remise en production. Plusieurs coopératives ont perdu des travailleurs. Il faut dire que dans tout ce climat d’incertitude, ce n’était pas une mince affaire de les convaincre de rester. Certaines coopératives ont même payé leurs travailleurs pendant les périodes d’arrêt pour conserver leur main-d’œuvre qualifiée et ainsi investir dans leur rétention.
À travers de tout ça, comme président de la Fédération, j’ai multiplié les rencontres avec nos partenaires, nos élus du gouvernement et les médias dans l’espoir d’obtenir de l’aide pour le secteur forestier.
Les mesures de Rexforêt ont été d’un important soutien. Une avance de 25 % de la valeur de chaque contrat sylvicole en vigueur a été consentie. De plus, Rexforêt s’est engagé à ne pas appliquer de pénalité ni amputer la valeur des contrats répartis à plusieurs fournisseurs pour les entreprises sylvicoles qui ne pourront pas réaliser les travaux dans les délais prévus en raison des contraintes associées aux feux. Aussi, certaines dates de fin des travaux ont été repoussées à un peu plus tard.
Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a mis sur place un programme comportant des garanties de prêts et des prêts avec intérêt de 4,25 % pour aider les entreprises touchées par les feux de forêt à obtenir de la liquidité. Cela n’aidait guère les entreprises à pallier les dépenses supplémentaires qu’elles ont dû assumer, mais ça apportait des fonds pour repartir les opérations. Certaines entreprises en ont bénéficié. Pour ce qui est du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il a octroyé à chaque association représentant des entreprises sylvicoles (AETSQ, FQCF et GFQ) une aide supplémentaire de 150 000 $ pour la formation de nouveaux travailleurs sylvicoles. Enfin, du côté du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), malgré des résultats mitigés, une cellule de crise sylviculture et opérations forestières a été mise en place pour écouter les besoins, faire le point sur l’avancement des travaux et faciliter l’accès à d’autres ministères.
Et maintenant qu’est-ce qui nous attend me direz-vous? Eh bien, j’aimerais avoir une réponse, mais je n’en ai malheureusement encore aucune à vous donner. Le MRNF nous a demandé combien de travaux sylvicoles supplémentaires nous pensions être en mesure de réaliser l’an prochain pour une éventuelle remise en production des superficies brûlées. Nous leur avons répondu que, selon un sondage de la Fédération, le réseau des coopératives forestières estime être en mesure de réaliser environ 45 % de travaux sylvicoles non commerciaux supplémentaires en 2024, et ce, à condition de connaître les budgets supplémentaires avant le 15 décembre 2023 et d’obtenir au moins 75 % des prescriptions harmonisées avant le 15 avril 2024. À l’heure actuelle, le MRNF n’a pas partagé son plan avec nous. Peut-être préfère-t-il attendre les données du Forestier en chef pour élaborer son plan. Peut-être veut-il aussi de connaître le budget que le Conseil du trésor consentira à y investir. Bref, je ne peux pas vous en dire davantage pour le moment. Je vous assure toutefois que je continuerai à mettre de la pression pour obtenir le nécessaire pour un avenir prospère des communautés forestières.
Contraintes multiples aux opérations forestières
Les feux de forêt ont également perturbé les opérations de récolte, de voirie et de transport de bois. Selon la région d’opération de l’entreprise, les opérations ont été arrêtées entre une et cinq semaines. À Girardville, l’arrêt a duré environ quatre semaines. La situation était fort préoccupante pour les entreprises qui voyaient leurs secteurs de récolte partir en fumée. Une fois les feux éteints, la principale préoccupation était de réussir à récolter le bois récupérable le plus rapidement possible avant que les insectes ne se chargent de le détruire complètement. La course contre le longicorne était commencée!
Le MRNF a mis en place une cellule de crise usines. Celle-ci a servi à jeter les bases d’une planification de récolte des bois brûlés et à déterminer les aides financières qui seraient accordées. Ainsi, le ministère a instauré une bonification des aides financières du Programme d'investissements dans les forêts publiques affectées par une perturbation naturelle ou anthropique et a ajouté des aides financières pour compenser les coûts additionnels de transport des bois récupérés dans des territoires éloignés. Après quatre semaines, même si la planification était considérée comme faite du côté du MRNF, différentes contraintes comme l’inexistence de chemins d’accès pour se rendre à la ressource ou des problèmes d’harmonisation ou d’autorisation empêchaient les entreprises d’aller récolter le bois brûlé.
En effet, les feux de forêt n’ont pas été les seuls éléments perturbateurs de cette année d’opération. Les problèmes d’harmonisation ont sévi dans plusieurs régions et sont venus s’ajouter aux énormes contraintes avec lesquelles les entreprises devaient composer. Imaginez : après avoir patienté plusieurs semaines que les feux de forêt se résorbent, on vous donne enfin l’autorisation de repartir les travaux, mais un petit groupe bloque l’accès à vos secteurs d’opération. Que les revendications de ce groupe soient légitimes ou non, il n’en demeure pas moins qu’elles paralysent vos activités et que vous vous retrouvez pris dans un combat pour lequel vous ne pouvez rien faire. À l’écriture de ces lignes, la majorité des blocus forestiers étaient levés, à l’exception d’un dans la région de Dolbeau qui continue de bloquer le transport de bois et ce, malgré les injonctions. L’harmonisation des usages prend beaucoup d’importance dans l’actuel régime forestier et conduit parfois à des situations intenables. Il faudra trouver une solution à cette situation devenue très difficile à gérer pour les entreprises et les travailleurs forestiers lors des états généraux de la forêt. Si états généraux il y a bien entendu!
Une lueur d’espoir
La Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF), accompagnée d’autres partenaires du secteur forestier, a enfin eu l’occasion de rencontrer la ministre Maïté Blanchette Vézina le 27 septembre dernier. Lors de cette rencontre, la ministre s’est dite disposée à travailler avec le groupe à la mise en œuvre de ses demandes dont celles de travailler à un plan de remise en production des superficies brûlées et de tenir des états généraux des forêts, qu’elle a plutôt appelé une réflexion sur l’avenir du secteur forestier. Elle nous a dit devoir consulter d’autres partenaires du secteur avant de se commettre davantage, mais elle nous a confirmé vouloir y travailler avec nous. Nous devrions en savoir davantage d’ici la mi-novembre, date maximale à laquelle elle s’est engagée à nous revenir. Comptez sur moi pour vous tenir informés des développements. En attendant, croisons les doigts pour que cette ouverture soit le début d’un grand chantier de travail pour la révision d’un régime forestier qui doit être revu et repensé en tenant compte des changements climatiques actuels et à venir! Je suis un optimiste de nature et j'espère que ce ne sera pas un rêve, mais une réalité à laquelle tous les intervenants seront appelés à travailler. Alors, madame la ministre et monsieur le premier ministre, il ne reste plus que votre accord pour aller de l’avant et se donner les moyens afin que notre secteur reste un secteur de premier plan pour l'ensemble des travailleurs.
Saison sylvicole tardive
J’espère sincèrement que votre saison sylvicole a été plus simple que la mienne. Tout d’abord, les feux de forêt nous ont empêchés de commencer la saison sylvicole à la date habituelle. Selon la région d’opération de l’entreprise, la saison a été retardée d’une à quatre semaines. À Girardville, nous avons perdu quatre semaines. De plus, lorsque nous avons eu l’autorisation pour commencer à opérer, on nous imposait des contraintes comme de ne pas utiliser de machines ni de VTT. Le reboisement a donc pu commencer plus tôt que les autres travaux de remise en production. Plusieurs coopératives ont perdu des travailleurs. Il faut dire que dans tout ce climat d’incertitude, ce n’était pas une mince affaire de les convaincre de rester. Certaines coopératives ont même payé leurs travailleurs pendant les périodes d’arrêt pour conserver leur main-d’œuvre qualifiée et ainsi investir dans leur rétention.
À travers de tout ça, comme président de la Fédération, j’ai multiplié les rencontres avec nos partenaires, nos élus du gouvernement et les médias dans l’espoir d’obtenir de l’aide pour le secteur forestier.
Les mesures de Rexforêt ont été d’un important soutien. Une avance de 25 % de la valeur de chaque contrat sylvicole en vigueur a été consentie. De plus, Rexforêt s’est engagé à ne pas appliquer de pénalité ni amputer la valeur des contrats répartis à plusieurs fournisseurs pour les entreprises sylvicoles qui ne pourront pas réaliser les travaux dans les délais prévus en raison des contraintes associées aux feux. Aussi, certaines dates de fin des travaux ont été repoussées à un peu plus tard.
Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a mis sur place un programme comportant des garanties de prêts et des prêts avec intérêt de 4,25 % pour aider les entreprises touchées par les feux de forêt à obtenir de la liquidité. Cela n’aidait guère les entreprises à pallier les dépenses supplémentaires qu’elles ont dû assumer, mais ça apportait des fonds pour repartir les opérations. Certaines entreprises en ont bénéficié. Pour ce qui est du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il a octroyé à chaque association représentant des entreprises sylvicoles (AETSQ, FQCF et GFQ) une aide supplémentaire de 150 000 $ pour la formation de nouveaux travailleurs sylvicoles. Enfin, du côté du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), malgré des résultats mitigés, une cellule de crise sylviculture et opérations forestières a été mise en place pour écouter les besoins, faire le point sur l’avancement des travaux et faciliter l’accès à d’autres ministères.
Et maintenant qu’est-ce qui nous attend me direz-vous? Eh bien, j’aimerais avoir une réponse, mais je n’en ai malheureusement encore aucune à vous donner. Le MRNF nous a demandé combien de travaux sylvicoles supplémentaires nous pensions être en mesure de réaliser l’an prochain pour une éventuelle remise en production des superficies brûlées. Nous leur avons répondu que, selon un sondage de la Fédération, le réseau des coopératives forestières estime être en mesure de réaliser environ 45 % de travaux sylvicoles non commerciaux supplémentaires en 2024, et ce, à condition de connaître les budgets supplémentaires avant le 15 décembre 2023 et d’obtenir au moins 75 % des prescriptions harmonisées avant le 15 avril 2024. À l’heure actuelle, le MRNF n’a pas partagé son plan avec nous. Peut-être préfère-t-il attendre les données du Forestier en chef pour élaborer son plan. Peut-être veut-il aussi de connaître le budget que le Conseil du trésor consentira à y investir. Bref, je ne peux pas vous en dire davantage pour le moment. Je vous assure toutefois que je continuerai à mettre de la pression pour obtenir le nécessaire pour un avenir prospère des communautés forestières.
Contraintes multiples aux opérations forestières
Les feux de forêt ont également perturbé les opérations de récolte, de voirie et de transport de bois. Selon la région d’opération de l’entreprise, les opérations ont été arrêtées entre une et cinq semaines. À Girardville, l’arrêt a duré environ quatre semaines. La situation était fort préoccupante pour les entreprises qui voyaient leurs secteurs de récolte partir en fumée. Une fois les feux éteints, la principale préoccupation était de réussir à récolter le bois récupérable le plus rapidement possible avant que les insectes ne se chargent de le détruire complètement. La course contre le longicorne était commencée!
Le MRNF a mis en place une cellule de crise usines. Celle-ci a servi à jeter les bases d’une planification de récolte des bois brûlés et à déterminer les aides financières qui seraient accordées. Ainsi, le ministère a instauré une bonification des aides financières du Programme d'investissements dans les forêts publiques affectées par une perturbation naturelle ou anthropique et a ajouté des aides financières pour compenser les coûts additionnels de transport des bois récupérés dans des territoires éloignés. Après quatre semaines, même si la planification était considérée comme faite du côté du MRNF, différentes contraintes comme l’inexistence de chemins d’accès pour se rendre à la ressource ou des problèmes d’harmonisation ou d’autorisation empêchaient les entreprises d’aller récolter le bois brûlé.
En effet, les feux de forêt n’ont pas été les seuls éléments perturbateurs de cette année d’opération. Les problèmes d’harmonisation ont sévi dans plusieurs régions et sont venus s’ajouter aux énormes contraintes avec lesquelles les entreprises devaient composer. Imaginez : après avoir patienté plusieurs semaines que les feux de forêt se résorbent, on vous donne enfin l’autorisation de repartir les travaux, mais un petit groupe bloque l’accès à vos secteurs d’opération. Que les revendications de ce groupe soient légitimes ou non, il n’en demeure pas moins qu’elles paralysent vos activités et que vous vous retrouvez pris dans un combat pour lequel vous ne pouvez rien faire. À l’écriture de ces lignes, la majorité des blocus forestiers étaient levés, à l’exception d’un dans la région de Dolbeau qui continue de bloquer le transport de bois et ce, malgré les injonctions. L’harmonisation des usages prend beaucoup d’importance dans l’actuel régime forestier et conduit parfois à des situations intenables. Il faudra trouver une solution à cette situation devenue très difficile à gérer pour les entreprises et les travailleurs forestiers lors des états généraux de la forêt. Si états généraux il y a bien entendu!
Une lueur d’espoir
La Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF), accompagnée d’autres partenaires du secteur forestier, a enfin eu l’occasion de rencontrer la ministre Maïté Blanchette Vézina le 27 septembre dernier. Lors de cette rencontre, la ministre s’est dite disposée à travailler avec le groupe à la mise en œuvre de ses demandes dont celles de travailler à un plan de remise en production des superficies brûlées et de tenir des états généraux des forêts, qu’elle a plutôt appelé une réflexion sur l’avenir du secteur forestier. Elle nous a dit devoir consulter d’autres partenaires du secteur avant de se commettre davantage, mais elle nous a confirmé vouloir y travailler avec nous. Nous devrions en savoir davantage d’ici la mi-novembre, date maximale à laquelle elle s’est engagée à nous revenir. Comptez sur moi pour vous tenir informés des développements. En attendant, croisons les doigts pour que cette ouverture soit le début d’un grand chantier de travail pour la révision d’un régime forestier qui doit être revu et repensé en tenant compte des changements climatiques actuels et à venir! Je suis un optimiste de nature et j'espère que ce ne sera pas un rêve, mais une réalité à laquelle tous les intervenants seront appelés à travailler. Alors, madame la ministre et monsieur le premier ministre, il ne reste plus que votre accord pour aller de l’avant et se donner les moyens afin que notre secteur reste un secteur de premier plan pour l'ensemble des travailleurs.
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