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À la rescousse!

Évidemment, nous voulions traiter du même sujet dans nos éditoriaux : les feux de forêt. Afin d’éviter de nous tirailler, nous avons convenu de produire un éditorial conjoint. Une première!
En date du 30 juin 2023, 1,5 million d’hectares de forêts ont été affectés par les feux. C’est énorme! C’est juste un peu moins que le nombre total d’hectares de forêt sous aménagement au sein des groupements forestiers. Bien qu’il y ait un consensus scientifique à l’effet que les changements climatiques allaient potentiellement augmenter l’occurrence des feux et des superficies brûlées, et ce, davantage dans l’ouest et dans le nord de la province que dans le sud-est, personne ne s’attendait à une perturbation aussi majeure en ce début de saison.
Des feux de forêt d’une telle envergure peuvent présenter des risques pour les communautés situées à proximité des zones forestières. Les incendies peuvent menacer les habitations, les infrastructures et la sécurité des personnes.
Nous tenons à souligner les efforts des pompiers impliqués et venus à la rescousse dans cette lutte infernale. Il faut aussi lever notre chapeau aux travailleurs forestiers et aux entreprises qui ont levé la main afin de fournir du renfort. Sans aller dans les détails, nous avons constaté des pistes de solutions pour nous déployer plus efficacement à l’avenir et nous entendons les partager lorsque la poussière retombera.
Rénald : On peut comprendre que les actions prioritaires visaient à réduire les risques pour la population. Lorsque ce type de perturbation survient, des restrictions doivent être mises en place pour éviter d’aggraver la situation. Ces restrictions, bien qu’essentielles, ont affecté un très grand nombre de travailleurs et d’entrepreneurs forestiers du Québec. Comme plusieurs entreprises et coopératives forestières qui avaient à réaliser des travaux dans les secteurs ravagés par les flammes,  plusieurs groupements forestiers situés principalement au nord du fleuve St-Laurent ont subi ou subissent toujours des impacts importants. Groupements forestiers Québec (GFQ) a exprimé sa volonté de soutenir les intervenants du secteur forestier dans cette période de crise. Dans un contexte exceptionnel comme celui-ci, il est important que les gouvernements du Québec et du Canada viennent en aide aux travailleurs les plus touchés.
Les feux ont également entraîné des problèmes de qualité de l'air en raison de la fumée et des cendres qui se propagent sur de grandes distances.
Vincent : J’ai vraiment senti que le smog du 25 juin avait fait réaliser à la population que la forêt nous envoyait un message. Lors de cette même journée, j’ai reçu plusieurs téléphones, dont un de ma sœur qui habite à Montréal. Elle voulait comprendre ce qui se passait avec nos forêts (ce n’est clairement pas un sujet abordé habituellement). J’étais assez fier d’elle quand elle s’offusquait que des gens se plaignent de ne pas pouvoir réaliser des activités extérieures, plutôt que de s’interroger à propos de la santé de nos forêts. Malheureusement, je ne l’ai pas rassuré en disant que :
  • Ces feux sont une source importante d'émissions de gaz à effet de serre, notamment de dioxyde de carbone (CO2). Lorsque la biomasse forestière brûle, le carbone qu'elle contient est libéré dans l'atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique.
  • La qualité du bois est affectée, ce qui peut avoir des conséquences sur les opérations d'exploitation forestière et sur l'approvisionnement en bois pour les usines de transformation. Il y a aussi une méchante grosse bibitte noire (longicorne noir) qui s’empresse de pondre des œufs. Comme c’est à l’état larvaire que le longicorne noir cause le plus de dommages en s’alimentant dans les troncs, il y a donc très peu de temps pour récupérer le bois résiduel avant que celui-ci se dégrade et émette davantage de CO2 dans l’atmosphère.
Par contre, avant de s’affoler, je trouve important d’expliquer que les forêts ne sont pas entièrement brulées et qu’il y a possibilité de récupérer une partie du bois. Il y a aussi des solutions afin d’augmenter la résilience des forêts aux changements climatiques. La réflexion au sein des professionnels de la forêt ne date pas d’hier et plusieurs projets pilotes ont été déjà été réalisés pour explorer des méthodes novatrices en vue d’en arriver à une sylviculture adaptée aux changements climatiques. La résilience des forêts aux changements climatiques peut, notamment, être améliorée en diversifiant le nombre et les types d'espèces qui y vivent. Cette diversification favorise le maintien de la stabilité d'un écosystème forestier face aux incertitudes, à court et long terme, associées au climat. Il est primordial de promouvoir des espèces de forêts qui sont résistantes aux changements climatiques et d’éviter certaines pratiques comme la plantation uniforme d'une espèce vulnérable aux changements climatiques sur de grandes superficies. De plus, un aménagement forestier adapté près des zones habitées aidera à protéger ces milieux des perturbations naturelles.
Avant le début des incendies, Groupements forestiers Québec a soumis au gouvernement du Québec, en collaboration avec la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ), des idées qui visaient à accélérer le déploiement provincial d’initiatives de sylviculture adaptées aux changements climatiques. Un de nos défis des prochaines années sera de passer d’un stade de « projet pilote » à un stade de « déploiement provincial d’envergure ». Dans le cadre du dernier discours budgétaire, le gouvernement du Québec a confirmé son intention d’investir de façon importante dans la préservation de la biodiversité et la lutte aux changements climatiques. Il a prévu, notamment, un investissement de 475 M$ pour mettre en œuvre un Plan nature 2030. Quand on parle de biodiversité et de résilience des forêts aux changements climatiques, il apparaît évident que le secteur forestier tient à s’impliquer davantage et est déterminé à venir à la rescousse.
Avant de conclure cet éditorial, nous souhaitons offrir notre soutien au le secteur de la transformation du bois. Les chaînes d'approvisionnement de plusieurs usines sont mises à l’épreuve en ce début de saison. Dans les prochaines semaines, il y a aura d’importants volumes à récolter et à transformer avant que le bois ne se dégrade davantage et émette plus de CO2. La saison 2023 devrait malheureusement être en dents de scie pour plusieurs usines. C’est une course contre la montre ou contre le longicorne qui débute. Même si plusieurs propriétaires forestiers situés au nord du fleuve St-Laurent ont été épargnés (moins de 500 hectares ont été brulés en forêt privée jusqu’à maintenant), il faut s’attendre, à court terme, à voir des effets sur certains marchés. Cette perturbation majeure pourrait rendre plus difficile un approvisionnement constant et soutenu en bois à long terme dans une région comme l’Abitibi-Témiscamingue. La forêt privée sera probablement appelée à jouer un rôle encore plus important. L'industrie de la transformation des bois est un pourvoyeur d'emplois de première importance dans les régions affectées et les propriétaires pourront certainement venir à la rescousse en aidant à stabiliser les approvisionnements.
On se souhaite un bel été…avec un peu plus de pluie dans le nord du Québec.
 
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